Zut !

On va encore s’emmerder un peu plus!gotlib-coccinelle-1

le dessinateur Gotlib pose pour le photographe dans son bureau, le 04 mai 2005 à son domicile au Vésinet, près de Paris. Né en 1934, Gotlib a lancé le journal "L'Echo des Savanes" en 1972 puis "Fluide Glacial" en 1975, avec son copain Jacques Diament. Il a inventé le personnage de "Superdupont" / AFP PHOTO / FRANCOIS GUILLOT

Le dessinateur Marcel Gotlib, photographié, le 04 mai 2005 à son domicile au Vésinet (François Guillot pour AFP), a créé, entre autres, les personnages de Gai-Luron, de Super-Dupont et, ce qui restera sans doute son chef d’oeuvre, la Rubrique-à-Brac. Il a collaboré à Pilote et créé Fluide Glacial et L’Écho des Savanes. Comme il ne croyait ni à dieu, ni au diable, il a préféré s’en aller avant que Fillon sorte des bénitiers…

Thomas Vermeire: « J’ai appris à voir les choses différemment ».

  1. autoportr64pThomas Vermeire était devenu Judey et depuis c’est Judey qui est redevenu Thomas Vermeire.

    Rencontre avec un humoriste débridé et un imaginaire délirant… 

    1. Quel est ton parcours? Comment es-tu venu au dessin? Et à ce dessin d'humour très débridé, très libre c'est le fruit d'un long travail ou c'est ton style naturel?

Thomas : Enfants, j’avais toujours des supers commentaires sur mes dessins, je pense que c’est ce qui m’a encouragé à continuer à faire ça et à me perfectionner plus tard en recopiant tous ce qui visuellement m’intéressait. J’ai toujours eu tendance à me servir de tous ce que je créais pour raconter des histoires. C’est donc naturellement que je me suis tourné vers la bande dessinée.

islandsea

Islandsea

Par rapport à l’humour, je pense qu’il vient d’abord de mon père qui a toujours eu un humour très absurde. Quand j’avais 12 ans, il m’a fait découvrir les films des Monty Pythons, les Nuls, les Robins des bois … Et je pense que naturellement cet humour s’est ancré en moi. Ça m’a vraiment apprit à regarder les choses différemment et pas toujours sous le même angle.

  1. Tu as collaboré un an au magazine Focus, comment cela s'est-il fait et qu'est-ce que cela t'a apporté dans ton travail quotidien?

Thomas : Ça a été une chouette expérience car ça m’a permit de réguler mon travail. Quand tu as une planche et un strip à rendre chaque semaine, ça te met la pression pour bosser tous les jours. On peut voir une réelle évolution dans mon style au fur et à mesure des semaines. Et puis je me suis éclaté à faire les strips de Fanjo et Lémo, qui reste des personnages super importants pour moi. (pour découvrir Fanjo et Lémo : https://www.google.be/search?q=F+anjo+et++l%C3%A9mo&biw=1015&bih=444&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwjSmKviy9jQAhVHqxoKHSB2AHUQ_AUIBigB )

fukoshi

  1. Tu as participé aux deux expos de 64_page au Centre Belge de la BD et tu as publié dans deux numéros (#4, septembre 2015 et #8, septembre 2016) qu’est-ce que ce type d’expériences t’apporte?

Thomas : Les deux récits que j’ai publiés dans les numéros de 64 pages sont mes travaux les plus aboutis, donc oui, je suis super fier qu’ils aient pu être exposé au CBBD. J’aime beaucoup travailler sur des récits courts, avec une histoire qui a un début et une fin. Ca me permet d’avoir des œuvres finies et de prendre du recul à chaque fois sur ce que j’ai écris, pour continuer à évoluer par la suite. Ca me rassure de voir que je continue toujours à progresser.

page3

  1. Quels sont tes projets? Comment vois-tu ton avenir?
whisperingdolphinssmall

Whispering dolphins small

Thomas : J’ai toujours plein de projets en tête. En ce moment, j’ai plusieurs histoires démarrée qui verront peut être le jour, comme l’histoire d’un garçon qui parcoure le monde pour combattre des géants, ou encore des projets autobiographiques qui sont écrit et que retravaillerai plus tard. En tout cas j’ai pas mal de matière. Je suis toujours dans l’auto-publication et je vais bientôt commencer à lancer une série de fanzines scientifiques appelés «  Puddles »

 

Léo Gillet : « Je suis quelqu’un d’assez impatient, j’aime les choses rapides et bien faites. »

 

  1. leo-gillet-autoportraitRaconte-nous ton parcours? Ton choix de t'orienter vers des études artistiques?

Léo Gillet : Donc moi c’est Léo, j’ai 20 ans et je suis en Bac 03 illustration/ Graphisme à l’Ecole de recherche graphique.

Depuis tout gamin, je dessine des conneries, des bonhommes avec des gros pifs, des femmes à poil,etc. J’aimais bien faire rire autour de moi. Selon mes proches j’étais destiné à devenir dessinateur de bd et j’avoue que cela ne m’aurait pas déplu.

Par la force des choses, j’ai pris l’option art dans mon lycée, pour ensuite rentrer à L’ERG en 2014.

fille-qui-boit

L’année passée, j’ai commencé à bosser sur mon projet de strips qui finira dans le numéro #7 de 64 page.

C’est le premier vrai projet bd que je mène à bien après une formation en cinéma d’animation.

ade-nicolard

De Nicolard

agloire

Gloire

ales-histoires-de-francis

Les histoires de Francis

 

  1. 64_page a publié (cf #7 de juin 2016) une vingtaine de tes strips en 3 cases, tu as un humour assez trash et un style graphique simple et efficace. En quelques traits et/ou quelques mots tu mets en place des récits fulgurants, désopilants, voire dérangeants. Comment t'es-tu découvert cette efficacité graphique et cet esprit de synthèse?

Léo Gillet : Je suis quelqu’un d’assez impatient, j’aime les choses rapides et bien faites. C’est cela qui m’a malheureusement détourné du cinéma d’animation. Cela me demandait énormément de temps pour un très petit résultat.

Alors j’ai décidé de suivre mon intuition et les notes que j’avais sur mon iphone. En m’inspirant de « la vie secrète des jeunes » de Riad Sattouf, j’ai commencé à dessiner des scènes de la vie de tous les jours. Des scènes banales qui, à priori ne sont pas spécialement intéressantes mais qui le deviennent une fois mises sur papier.

Je n’ai pas voulu m’attarder sur le dessin car pour moi l’idée générale du strip était plus importante. L’humour est absurde, potache et un peu con mais j’ai le sentiment que cela représente un peu la société dans laquelle nous vivons.

amode-de-la-route

Mode de la route

anausee

Nausée

apoint-culture

Point-Culture

  1. Quels sont tes projets?

Léo Gillet : Pour le moment, je travaille sur un projet bd qui raconte l’histoire d’un serial killer qui n’opèrent que dans les fast food.

Sinon, j’ai la chance d’étudier dans une école pluridisciplinaire qui me permet de tester énormément de médiums comme la vidéo, le graphisme, le son, etc. J’essaye de toucher à tout tant que j’en ai l’occasion.

6-cases2-types

  1. Qu'est-ce que t'a rapporté cette publication dans 64_page et cette première expo au Centre Belge de la BD?

Léo Gillet : L’exposition 64 page a donné une vraie visibilité à mon travail et m’encourage à continuer dans ce domaine. C’est vraiment jouissif de voir ses dessins dans une vraie édition et je remercie énormément toute l’équipe pour cette opportunité!

apuissance-du-cromi

Puissance du cromi

asouriez-_

Souriez

atension

Tension

atrop-perche

Trop perché


 

Patrice Réglat-Vizzavona: « C’est par pure nécessité que mon héros est devenu myope et fut contraint de porter des lunettes. »

  1. portrait2Tu as participé à deux éditions de 64_page, les #4 de septembre 2015 et le #8 de septembre 2016, et aux deux expos au Centre Belge de la BD, qu'est-ce que cela t'a apporté? Qu'est-ce que en tire comme enseignement pour la suite de tes projets ?
Qu'est-ce que 64_page - ou d'autres - devrait mettre en place pour promouvoir les jeunes auteurs?

Patrice Réglat-Vizzavona: Qu’est-ce que ça m’a apporté ? Un peu de confiance en moi, des rencontres, mais surtout de la motivation, parce qu’une une fois que ton travail est accroché là-bas, ça te fait réfléchir, tu te balades dans les expos et puis tu passes devant tes planches en te disant qu’il y a encore pas mal de boulot.

Pour la suite ? Bosser plus et puis garder un œil sur les accrochages des futures expos (rires)

1000

Gravure

Question promo, je ne sais pas trop. Pour 64_Page j’aimerais bien des numéros à suivre, je trouve que ça aide le lecteur à se souvenir, ça pousse aussi les gens à s’abonner. Mais bon peut-être que je suis un peu vieux jeu et que ce n’est plus trop d’actualité. Et puis peut-être améliorer la forme de la revue, en prenant de la distance on peut se demander si c’est une revue de BD, une revue sur la BD, ou un catalogue de BDs, dans tous les cas c’est BD ça c’est sur, mais je pense qu’il y aurait moyen de rendre le tout plus clair. Dans une optique plus directe, peut-être qu’organiser des rencontres avec des éditeurs serait une bonne chose.

Mais je pense que le principal pour promouvoir un auteur c’est de le publier et la prépublication est pour moi une solution relativement simple, qui permet à l’auteur de se former dans ses jeunes années. Mais c’est peut-être un format qui s’essouffle un peu quand on regarde ce qui se fait maintenant chez les grandes maisons d’édition.

La revue Pandora est un bon exemple du climat actuel. Une revue de récits cours et inédits qui plus est de fiction, c’était du pain béni compte tenu de la prédominance de la BD documentaire qui me fatigue un peu. J’étais impatient de lire ça, je m’attendais à des réminiscences de l’esprit (A SUIVRE), avec des auteurs inconnus. Mais en fin de compte c’est uniquement des auteurs relativement bien installés dans le métier qui dessinent là dedans.

Donc je pense que c’est en grande partie à l’auteur de se promouvoir en faisant preuve d’initiative et en participant à des projets.

eaudouce

Eaudouce – gravure

  1.  Lors de l'exposition de 64_page, la suite... en 2016, tu as présenté un extrait de quatre pages de Herser un projet beaucoup plus ambitieux. Expliques comment tu travailles? Scénario, découpages, recherches, documentations, croquis préparatoire? On veut tout savoir...

Patrice Réglat-Vizzavona: En fin de compte, j’ai écrit cette histoire sans faire de scénario à proprement parler. J’ai commencé en faisant une sorte de time line reprenant tous les éléments importants de l’histoire de façon chronologique, l’apparition des personnages etc… Ça m’a déjà pris pas mal de temps parce que je voulais que le lecteur se pose des questions.

Une fois que j’ai eu ma time line, j’ai commencé directement le découpage. Je ne suis pas très familier avec l’écriture, j’ai tendance à en rajouter des tonnes, à faire des phrases à rallonge, alors j’ai juste dessiné.

crayonne-p16

Herser page 16 – crayonné

Du coup, j’ai un story-board qui n’est pas très lisible parce que pour ne pas oublier mes idées je devais dessiner super vite. Lorsque j’ai commencé mon story-board, j’étais encore à l’école et je devais le montrer à mes profs. Mais parfois, mes dessins étaient tellement vite faits qu’on ne parvenait même pas à reconnaître les personnages, du coup, j’ai dû leur ajouter des signes distinctifs. C’est par pure nécessité que mon héros est devenu myope et fut contraint de porter des lunettes. (rires)En parallèle, j’ai fait pas mal de recherche documentaire, surtout pour les passages en bateau, il fallait que ce soit crédible. Je voulais que l’histoire commence sur un huis clos et je trouve que le bateau est la meilleure illustration de cette idée. Mais si j’ai fait ce passage c’est aussi parce que je savais où trouver la doc’.

p16

Herser page 16 – définitif

Quand il était plus jeune, mon père habitait à Marseille. Avec son frère et un ami à lui, ils ont retapé un huit mètre à voile, puis ils sont partis à trois au Sénégal. Son ami est resté et vit toujours là-bas aujourd’hui. Puis à deux, ils sont repartis et ont traversé l’atlantique jusqu’au Brésil. Il a fait pas mal de diapos de ce voyage et je les regardais souvent quand j’étais petit.

Du coup, j’ai récupéré ces images et je lui ai posé plein de questions sur le fonctionnement du bateau, la navigation, la vie à bord.

couv-herser

Herser – Couverture

Il m’a expliqué plein de choses et m’a même fait un plan du bateau avec les dimensions et l’emplacement du moteur, des couchettes, les astuces qu’ils avaient trouvés pour gagner de la place, ils avaient bricolé ça super bien. Grâce à tous ces éléments, j’étais capable de dessiner tous les angles de vue que j’avais en tête.

Le reste de l’histoire n’est pas situé géographiquement, dons la plupart du temps j’invente les décors,

je me sers pas mal de mes souvenirs pour créer les environnements même si je continue de me documenter au fur et à mesure de mes besoins.

reveherser-encours

reveherser-en cours (gravure)

Pour les planches finales, je suis passé par pas mal de phases, j’ai testé beaucoup de choses. Mais le premier test concluant que j’ai fait c’était en gravure sur métal, je voulais quelque-chose avec des valeurs de gris, des aplats, du coup j’ai fait une page en aquatinte. Le rendu me plaisait, mais c’était vraiment long pour un exemplaire unique du coup j’ai décidé d’essayer d’approcher ce rendu au lavis.
Aujourd’hui, je travaille beaucoup à la table lumineuse. Je fais mes crayonnés sur du papier machine très fin, je découpe, je refais une case, un élément, un visage, et une fois que je suis satisfait j’encre sur ma planche définitive à la table lumineuse. Ça me permet de gagner beaucoup de temps parce que je peux recadrer, refaire certaines cases si j’ai fait une tâche et puis je n’use pas mon papier qui réagirait mal avec le lavis par la suite.

Une fois que j’ai fais tout ça, je pose mes lavis pour donner une ambiance à la planche. Je me rends compte en écrivant que c’est assez artisanal !

  1.  Tu auras bientôt un récit publié? Ce serait un récit érotique, peux-tu expliquer ce projet?

Patrice Réglat-Vizzavona: Oui, il s’agit d’une série d’histoire courte qui s’appelle « Maudites ».

couv_m

Maudites – Couverture

Au début, j’avais juste envie de faire de l’érotique pour améliorer mon dessin et c’est ma copine qui c’est collée au scénario. On c’est vraiment amusé à faire le premier épisode, C’était vraiment drôle pour moi de voir de quelle manière elle tournait les choses. Et puis on c’est pris au jeu et on a eu envie d’en faire d’autres.

Du coup, elle a écrit quatre histoires courtes au total, elles sont toutes inspirées de la mythologie. La première histoire s’appelle « PZ66″et est inspirée du mythe des sirènes scandinaves, la deuxième s’appelle « M » et … sort en décembre si tout se passe bien!

case1p8

Maudites page 8 cases 1, 2 et 3

case2p8 case3p8

Pour le moment c’est seulement pré-publié numériquement sous le label « Dynamite » de la Musardine. Ils se servent du numérique pour sonder un peu le public et sortent une de nos histoires tous les trois mois. Du coup on espère que ça plaira et que le recueil sortira en papier lorsque j’aurai achevé les dessins.

  1.  Comment vit un jeune auteur? Quelles sont tes contraintes? Comment concilies-tu ton travail de création et les essentiels, te loger, manger, te cultiver, ... Selon toi, qu'est-ce qu'il faudrait mettre en place pour que les jeunes auteurs puissent, après le master, continuer à se former tout en ayant la possibilité de publier, de montrer leurs travaux?

Patrice Réglat-Vizzavona: Comment je vis ? Plutôt simplement je pense. Je ne sors pas beaucoup pour ne pas me détourner de mes objectifs. J’ai mon atelier chez moi, du coup je suis assez sédentaire. Pour palier au mode de vie assis, je fais un peu de sport. Je suis aussi inscrit dans une académie de gravure à Etterbeek où je vais plusieurs fois par semaine.

Pour le moment, je ne gagne pas grand chose avec mes dessins alors je fais la plonge dans un restau, ce n’est pas glorieux, mais ça te rappelle quel boulot tu ne veux pas faire toute ta vie.

p2

Maudites page 2

Je ne suis pas allé jusqu’au Master, j’ai simplement un Bachelot en Illustration et je pense qu’il existe déjà pas mal de chose pour les jeunes auteurs. A mon avis, ces choses là sont relativement à notre portée si l’on fait preuve de discipline.

Mais je pense que pendant les études, les profs devraient mettre l’accent sur la construction des dossiers d’édition, car c’est pour moi une étape très importante pour démarcher les éditeurs, surtout à notre époque où les revues de prépublications sont très peu nombreuses et où il faut tout de suite arriver avec un projet d’album.

lafleche

La flèche – gravure

 

 

Vivre

En guise d’hommage aux victimes du 13 novembre 2015,  et à toutes les autres…

remedium-13-11-2015

Dessin de Remedium réalisé  le lendemain des tueries en mémoire d'une connaissance assassinée.

Marc Sleen s’en est allé

sleen

Marc Sleen et Néron entourés des personnages récurrents des 217 albums.

Ce grand voyageur, dans sa vie comme dans ses bd, a visité tous les continents, tous les pays ou presque et même quelques planètes biscornues qui peuplaient son univers onirique. Pour beaucoup, Marc Sleen restera l’homme des records : le plus grand nombre d’albums, 217 ; la plus longue bd, 125.592 cases; le seul auteur ayant un musée de son vivant, rue des Sables à Bruxelles; le dessinateur qui a dessiné le plus de gaufres, 17.367.487; celui qui a fait déguster le plus de cornets de frites à son héros, Néron/Nero, un par album au minimum; le seul auteur de BD fait chevalier par le roi Albert II; le seul auteur qui aurait, c’est lui qui le disait, emmené 60.000 abonnés avec lui quand il a quitté le quotidien, Het Volk, pour un autre, De Standard…

Sleen est probablement le plus flamand des auteurs de bd flamand, plus que Willy Vandersteen (Bob et Bobette), et le plus belge des auteurs belges. Plus belge que Hergé, Franquin ou Peyo, les aventures de Néron sont ancrées (et encrées) en Belgique par l’auteur qui faisait tout lui-même, pas de studio, pas de scénariste. Sleen s’inspirait du monde qui l’entourait, Bruxelles, la Flandre, l’Europe, l’Afrique, le Japon, l’Univers, … et inventait son strip quotidien et il le fera pendant 55 ans, de 1947 à 2002, date où il jettera sa dernière plume, il avait 77 ans.

Resté fidèle à ses petits albums souples, il n’a pas la notoriété de ses contemporains, pourtant ses albums, peu réédités et souvent uniquement en néerlandais, sont des petits trésors d’humours, de surréalismes, d’analyses désopilantes ou grinçantes de la société dans laquelle il vivait et créait. Sleen était aussi et, peut-être avant tout, un talentueux dessinateur de presse aux regards acérés et critiques. Un dessinateur de presse qui avait fait des choix et les revendiquait. Comme il les faisait encore quasi quotidiennement au jeu d’échec dont il était un passionné.

Pour mieux connaître Marc Neels dit Marc Sleen (Gentbrugge 1922 – Hoeillaart 2016):
Le Musée Sleen, 33-35 rue des Sables à 1000-Bruxelles (juste en face du Centre Belge de la BD).

Les 217 albums de Néron aux éditions Standaard. En néerlandais et quelques'uns en français, accessible à la bibliothèque d'études du Centre Belge de la BD, 20, rue des Sables à 1000-Bruxelles.

64_page #8, pages 40-41, Génie populaire, une analyse de la Belgique et du monde de 1958 à travers l’album De Pax-Apostol (L’Apôtre de la Paix).

Le Nerocafé, 1, avenue Antoine Biesmans, 1560-Hoeillaart  (ancienne gare vicinale)

Boire une NERO, une ambrée brassée en l’honneur du personnage fétiche de Sleen au Nérocafé, à la Brasserie Horta (CBBD) et dans les bonnes brasseries belges.

Performances dessinées

finissage-expo

Lison Ferné : « Les enfants adorent les histoires gores ! »

  • lison-avat
  • Lison Ferné nous a déjà proposé deux histoires courtes pour les 64_page, Ice man dans le #3 et Barbe Bleue dans le #8. Le dessin expressif de Lison déroule des ambiances fascinantes à ses  récits sans parole. Lison expose jusqu’au 23 octobre 2016 au Centre Belge de la BD à Bruxelles. 
    Comme tous et toutes les dessinateurs/trices de BD, tu dessinais déjà dans ton berceau? Ou as-tu un parcours plus original? Raconte?

Lison : Oui, j’ai vraiment toujours adoré dessiner, c’est quelque chose de l’ordre d’un plaisir naturel pour moi.
Le dessin me permet de m’amuser, de me détendre mais, aussi, de m’exprimer.
Ce n’est pas vraiment original du coup, mais je voudrais répondre aux gens qui ont souvent dit autour de moi que le talent artistique est innée et ne s’apprend pas: je pense que c’est faux, si on aime faire du dessin, naturellement on progressera en dessin, comme si on aime faire de la musique, de la cuisine etc., on progressera dans ces domaines en s’y entraînant. C’est vraiment le goût pour la chose qui fait le talent de mon point de vue.

portraits-recherche

Tu as terminé ton bachelor à l'erg, est-ce que ses études correspondaient à tes attendes? Quelles sont tes découvertes sur le monde des artistes et des créateurs?

Lison : J’ai terminé mon bachelor à l’ERG mais je suis en cours de master :).
Ce que je peux dire sur l’école, c’est qu’elle m’a beaucoup plu, car j’avais besoin  après une école parisienne très cadrée, de plus de libertés. Je pense qu’elle convient mieux aux personnes déjà autonomes, qui sont capables de travailler sans devoir être poussées par des profs pour obtenir une cote. En effet, on est vraiment souvent laissés seuls face à nos projets et il faut savoir se gérer. L’erg est une école ou il faut prendre soi-même des initiatives pour que les choses se passent. J’ai eu de la chance d’avoir de très bons profs d’atelier qui nous faisaient partager leurs « bons plans » (comme celui de 64 page* !) pour nous propulser dans la vie professionnelle, ça m’a beaucoup touché.
Je ne suis donc pas encore rentrée dans la vie professionnelle proprement dite, mais pour l’instant les aperçus que j’ai pu en avoir, comme les expos de 64 page au CBBD, ont l’air sympas.

femmes1femme

Tu as travaillé sur le conte Barbe Bleue. Tu peux nous expliquer ce qui t'a motivée et nous parler un peu de ce projet? La façon dont tu l'as abordé? Les recherches? Les essais?

Lison : Les contes de fées sont souvent la base de mes travaux. Ce sont des univers qui m’ont marqués enfant. Ils portent en eux beaucoup de notre société et quelque chose de fondamentalement humain et universel au point que c’est une matière inépuisable, je pense. Le conte de Barbe Bleue en particulier, est assez fascinant: imaginer qu’un univers si glauque et sombre puisse être raconté aux enfants depuis la nuit des temps !

D’ailleurs les enfants adorent les histoires gores.

Ce qui m’a intéressé en particulier dans ce conte, c’est la mise en garde sous-jacente des épouses vis-à-vis d’un potentiel mari violent. C’est un des rares contes populaires ou la violence masculine se dévoile dans toute sa réalité. Ces sujets de violence conjugale sont d’actualité à l’époque de Perrault aussi bien qu’aujourd’hui et c’est cela que j’ai voulu représenter.

barbe-bleue-extrait-1
Au départ, je voulais représenter le conte de manière assez classique dans un univers moderne. Finalement je me suis arrêtée sur une image ou l’épouse réagit et tente de se défendre et de prendre le dessus sur Barbe Bleue. On peut appeler ça de l’auto-défense. Je voulais changer la fin du conte: que l’héroïne soit un des moteurs et actrice de son sauvetage. J’ai préféré laisser la fin en suspend pour que le lecteur puisse imaginer ce qui lui plait.

Comment envisages-tu la suite? Quels sont tes projets et comment les prépares-tu?

Lison : J’ai encore beaucoup d’histoires à raconter, même revenir sur certaines histoires et les retravailler, à la limite. Je travaille en ce moment sur un projet de gravure sur bois sur la thématique de la sorcière, et sur une bande-dessinée dans laquelle l’héroïne est une pirate. Il se peut que ces projets changent beaucoup de thème au cours de l’année, mais pour l’instant c’est ça !

2-cases

Pour la suite, j’espère réussir bientôt à publier un premier livre et commencer une carrière professionnelle.

  • Olivier Grenson est prof à l’ERG

 


 

Remedium: « Dessiner pour comprendre les maux du monde »

     autoportrait_remediumRemedium est un des jeunes auteurs publiés par 64_page, une première fois dans notre #4 et ensuite dans le #8. Á ce titre il a participé à nos deux expositions au Centre Belge de la BD. Son personnage de maire égocentrique et raciste a suscité la curiosité des meilleurs médias français.

Titi Gnangnan est ton personnage fétiche, il t'a fait connaître et t'a, enfin son incarnation dans la vraie vie un obscur maire LR, compliqué la vie. Peux-tu nous raconter sa naissance, ton inspiration et son avenir?
interview_illu02

© Remedium : Titi Gnangnan (2015)

Remedium: Titi Gnangnan s’est imposé à moi. Je faisais beaucoup d’autres choses auparavant et j’espère en faire beaucoup d’autres après. En 2014, un type obscur à l’égo surdimensionné et aux idées nauséabondes s’est fait élire à la mairie de ma ville. Ses deux premières mesures ont été de se débarrasser du camp de Roms qui bordait la ville et de poser un peu partout en photo, transformant les murs de la ville et les pages du journal municipal en galerie à sa gloire. J’ai voulu offrir un contrepoint à la propagande abjecte qu’il mettait en place. Ainsi est né Titi Gnangnan, le pendant dessiné de cet obscur maire. Beaucoup de gens, de la ville ou non, se reconnaissent dans ce projet qui dépeint avant tout un homme politique inculte, raciste et démagogue, comme on en connait tous. Et beaucoup encouragent le projet également parce que l’obscur maire s’est empressé de porter plainte en diffamation et de m’expulser, avec mon nouveau-né, du logement que j’occupais qui appartenait à la ville  …

interview_illu01

© Remedium : La poudre aux yeux (2016)

Tu as choisi d'être, pour paraphraser Léo Ferré, un dessinateur de variétés, tes BD sont dures et sans fard, ton style résolu, libre, précis, efficace... et très personnel. Pour toi la BD est un engagement. Dans cette époque où la BD est souvent assez légère, voire nombriliste, d'où vient ce désir de parler franc, d'être net, de porter un message sans concession?
interview_illu03

© Remedium : La troisième mort (2014)

Remedium: Chez moi, la création répond toujours au besoin cathartique de comprendre les maux du monde et les miens pour mieux vivre avec à défaut de les résoudre. Je dépeins le monde tel qu’il est et pas tel qu’il devrait être, ce qui chagrine beaucoup certains éditeurs, qui vivent souvent dans un déni de réalité. J’envisage la BD comme un sport de combat ; donner des coups et toucher juste. Pour faire simple, je n’arrive pas à trouver la force de créer quelque chose qui a déjà été fait ou qui ne sert à rien. Je laisse les BD nombrilistes aux autres, elles ne m’apportent rien en tant que lecteur et ne m’apporteraient rien en tant qu’auteur. Désireux de dépeindre une intimité non biographique, je m’assure, avant de proposer une BD aux lecteurs, qu’elle apporte, non pas une vérité péremptoire, mais une pierre à l’édifice de tel ou tel débat, en restant honnête et vrai.

interview_illu04

© Remedium : La troisième mort (2014)

Comment envisages-tu ton avenir proche? Et dans 10 ans?
interview_illu05

© Remedium : La maîtresse de maison (2016)

Remedium : J’ai toujours eu du mal à envisager mon avenir, même proche ; la vie tient à un fil si ténu qu’il m’est devenu difficile de tirer des plans trop ambitieux. J’espère réussir à arracher davantage de précieuses minutes à ce temps qui nous broie pour continuer le plus longtemps possible à m’investir dans des projets originaux, de ceux qui vous donnent le sentiment, pendant un très court instant, d’écrire un bout d’éternité.

Retrouvez Remedium sur www.lacitedesesclaves.org  

ou sur facebook.com/remedium.timoris



			

Expo 2016 : 64_page, la suite…

Découvrez les vidéos des 22 auteurs exposés au Centre Belge de la Bande Dessinée.

Suivez ce lien: https://www.youtube.com/watch?v=NE0H4JnYl78&list=PL7HK5TRorSLSc72cuYwJCElegbedTj6rI&index=13

 

invitation double

Page 4 of 6

Powered by WordPress & Theme by Anders Norén