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Quentin Lefebvre: « J’ai compris que l’on pouvait aller très loin, écrire 600 pages et parler de la puissance des sentiments. « 

 

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    Après une démarche personnelle, Quentin Lefebvre nous est arrivé à la fin de l’été 2016. Ses quatre premières planches seront publiées dans notre 64_page #10 (parution, début mars 2017).

  2. Quentin Lefebvre: 1. J’ai essayé de faire de la bd un jour par curiosité, à 13 ans et j’ai adoré ! Ça c’est alors imposé comme une passion, très vite j’ai dit que je serai auteur de BD ! Juste avant j’imaginais des nouvelles consoles de jeux en dessin, j’avais déja un côté créatif. Depuis, ça rempli bien ma vie ! J’ai fréquenté 2 écoles d’arts appliqués, une en Savoie, l’autre en Belgique. Mon grand saut dans le monde de l’édition s’est fait en 2014 quand j’ai auto-édité la 1er album de ma saga BD Handman, un ado qui devient un super- héros avec des pouvoirs dans les mains ! J’ai publié le tome 2 en 2016 et le tome 3 arrive à l’Automne 2017.

croquis gens 2016

Croquis de gens (2016)

  1.  Tu seras publiés dans 64_page #10 dont la parution est début mars, comment as-tu découvert 64_page? Qu'est-ce qui t'a motivé à envoyer un projet? Qu'est-ce que tu crois que cette publication peut t'apporter?

    Quentin Lefebvre:  J’ai découvert 64_page un jour grâce au conseil d’un libraire, qui m’a présenté la revue. Je trouve que c’est une belle vitrine qui peut apporter à des jeunes auteurs comme moi une visibilité, un éclairage, une émulation ! C’est très varié, il y a plein de styles, c’est super. J’ai pensé que mon histoire pourrait coller à la revue, je suis ravi que ça soit le cas ! Cette histoire de 4 pages est, comme on peut s’en douter, un point de départ d’un projet d’album, où j’interroge des gens pour trouver des solutions pour rendre le monde meilleur.

autoportrait quentin lefebvre

Autoportrait

  1.  La BD que tu nous as proposé est très didactique, est-ce une piste que tu souhaites explorer? Quels sont les autres types de récits qui te tentent? Qu'est-ce que tu lis comme BD? Quels sont les auteurs qui t'inspirent?

Quentin Lefebvre:  Oui, je pense que la bd peut être didactique, qu’elle peut faire prendre conscience de plein de choses, qu’elle peut changer le monde ! Tous les thèmes m’intéressent. Je travaille sur le thème des super héros avec ma BD Handman, je fais des bd autobiographiques, là avec cette BD de 4 pages j’aborde la bd documentaire…
Le 9ème art permet tout ! J’ai plein de projets, je prends le temps de les faire bien, je dois être à l’aise avec mon sujet pour avancer.
Il y a des tas d’auteurs qui m’ont inspiré et m’inspirent encore.

Un exemple : Craig Thompson a changé ma vision de la BD avec son roman graphique « Blankets » que j’ai lu étant ado. J’ai compris que l’on pouvait aller très loin, écrire 600 pages et parler de la puissance des sentiments. Autre exemple, j’aime beaucoup comment Tome et Janry avaient fait évoluer Spirou vers l’amour, le thriller, le réalisme, mais sans trahir le personnage ! Je suis inspiré par le cinéma, l’animation, le dessin de presse…Il y a tellement de choses à notre époque, dans tous les sens !

fan-art génie d'aladdin couleur

fan-art génie d’aladdin couleur

  1.  Comment vois-tu ton avenir (dans la BD, l'art ou dans tout autres domaines) ? Que crois-tu qu'il manque, aujourd'hui, aux jeunes auteurs pour être publiés, être reconnus, se faire un nom dans le 9ème art?

Quentin Lefebvre:  Je pense qu’il ne manque rien aux jeunes auteurs de BD aujourd’hui pour se lancer dans des beaux projets. On a tout : internet, 1000 sujets à traiter, des festivals un peu partout…et la BD est plus reconnue d’année en année ! Il faut y aller à fond.
Je pense que des belles carrières sont possibles aux gens de ma génération, si nous osons pousser nos projets et nos rêves loin !

 

Sachimir : La BD a été pour moi un point de départ qui a attisé ma curiosité et mon intérêt pour l’art

Autoportait

Il aurait pu être avocat, mais une cohabitation sur banc d’école lui a ouvert le monde du dessin.

Sa découverte de la BD est le point de départ d’une belle aventure qui l’a déjà conduit de l’Académie de Watermael-Boitsfort à la KASK de Gand en passant par l’ESA Saint-Luc...

  1. 1. Raconte ton parcours? Pourquoi et comment le dessin? L'art?

Sachimir : Le petit snotneus de onze ans que j’ai pu être s’est un jour retrouvé assis en classe de français à coté d’un autre petit snotneus qui se sentait plus concerné par son crayon, ses marqueurs et ses cahiers Atoma remplis de crobards, que par la conjugaison du verbe « être » au plus-que-parfait du subjonctif. Je dois bien reconnaître que si ces deux morveux eussent été capables de conjuguer ce verbe correctement, je serais sans doute aujourd’hui en train d’attaquer ma quatrième année d’études de droit, plutôt que de rêvasser derrière ma table à dessin jour et nuit, surtout la nuit. C’est donc grâce à ou à cause de cette rencontre que l’idée de créer des histoires en dessinant des bonshommes dans des petites cases ne s’est pas contentée d’effleurer mon esprit mais est devenue une réelle obsession.

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Drôle d’oiseau

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Voyant que cette passion n’était pas passagère, mes parents ont décidé de m’inscrire à l’Académie de Watermael-Boitsfort où j’ai pu suivre les sages enseignements du grand gourou Philippe Cenci. C’est dans cet atelier que j’ai appris l’existence d’une option BD à l’ESA Saint-Luc à Bruxelles où, une fois mes études secondaires achevées, je suis parti en pèlerinage.

En prenant du recul aujourd’hui, je me rends compte que ce n’est pas une passion pour le dessin qui m’a poussé à faire de la BD mais plutôt l’inverse. La BD a été pour moi un point de départ qui a attisé ma curiosité et mon intérêt pour l’art sous toutes ses formes.

One note samba

One note samba

  1.  Qu'est-ce que tu as retiré personnellement de ta publication dans 64_page et de l'exposition au Centre Belge de la BD? Aurais-tu eu d'autres espoirs? Que crois-tu qu'il faudrait mettre en place pour aider les jeunes auteurs?

Sachimir : Avoir été publié et exposé m’a fait du bien. A force d’entendre que le métier d’auteur de BD est un métier de « crevard », on finit parfois par être découragé. Cette publication, je l’ai vécue comme un coup de fouet me poussant ày croire d’avantage.

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NYC

A mon avis, le plus dur pour nous, les jeunes auteurs, c’est d’arriver à montrer qu’on existe. Quand on fait des études artistiques, qu’on reste enfermé dans sa chambre, on est tout à fait déconnecté de la réalité éditoriale. C’est un métier très solitaire et ce n’est pas facile en tant que jeune de s’imposer dans cette réalité qui de notre petite table à dessin nous paraît si abstraite. Hormis certains festivals de livre ou de BD, l’on a rarement l’occasion de rencontrer des éditeurs ou d’autres auteurs. La création de revues telles que 64_Page privilégiant la publication de jeunes et nouveaux auteurs pourrait remédier à ce manque de contact.

  1.  Comment imagines-tu ton avenir et que comptes-tu mettre en place pour atteindre tes objectifs?

Sachimir : Vivre de mes dessins est mon plus grand souhait. Que ce soit de la BD, de l’illustration, de l’animation, du dessin de presse ou de la publicité, tant que je passe mes journées derrière une planche à dessin, je suis heureux. Je reste ce doux-rêveur de onze ans qui ne pense qu’à sa passion, je laisse le cynisme et la névrose pour plus tard, quand il sera temps que je trouve un vrai boulot.

En ce moment je travaille sur un projet d’album dans l’espoir d’attirer l’attention d’une maison d’édition, tout en continuant des études d’animation à KASK à Gand.

  1.  Qu'est-ce que tu lis comme bd et pourquoi?

 Sachimir : Mes lectures varient énormément. J’aime explorer les abysses des librairies spécialisées, allant des BDs les plus anciennes au plus récentes, des plus populaires aux plus obscures, venant de continents et cultures divers. Il n’y a pas de limite à ce que ce médium peut offrir et j’éprouve plus de plaisir à découvrir les formes différentes qu’il peut prendre plutôt qu’à me cantonner à une zone de confort.

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Trompette couleur

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Trompette

Si je devais parler de quelques récentes belles trouvailles je citerais: ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ de Fabcaro, Pouvoirpoint de Erwann Surcouf, Sunny de Taiyo Matsumoto, les albums sur le thème du blues de Frantz Duchazeau, Love in vain de Mezzo et J.M. Dupont, Hubert de Ben Gijsemans, Sam & Max de Steve Purcell, Ed the happy clown de Chester Brown etc.

Mis à part ça, il m’arrive encore souvent de consulter les oeuvres des grands maîtres tels que Franquin, Hergé, René Goscinny, Jean Giraud Moebius, Will Eisner, Osamu Tezuka… la liste est longue.

Adley : « J’ai toujours beaucoup aimé observer et essayer de m’imprégner de ce qui m’entourait, de ce que je voyais »

  1. portrait-ldLa question bateau, qu'est-ce qui t'a amené à choisir le dessin, l'art comme études et projet de carrière?

Adley : L’envie de faire du dessin est venue petit à petit. Quand j’étais enfant, je rêvais plutôt de devenir écrivain. Plus tard, je voulais me former à un métier artistique mais ne savais lequel choisir : j’avais beaucoup d’envies mais n’en avais aucune qui prévalait sur les autres. C’est un peu le hasard qui m’a poussée dans cette voie, et peut-être la fascination que j’éprouvais envers ceux qui savaient dessiner.

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« Mourir à Bénares » pour Citrus

Je ne parviens pas à me souvenir d’un moment de déclic, il y a peut-être toujours eu une partie de moi rêvant de devenir dessinatrice même si cela restait lointain et inatteignable : je dessinais très mal.
Mais au delà de ça, j’ai toujours beaucoup aimé observer et essayer de m’imprégner de ce qui m’entourait, de ce que je voyais. Enfant, je passais beaucoup de temps dehors, à regarder la nature et mon environnement. Je ne parlais pas beaucoup, je contemplais.

2. Tu as été publiée dans le 64_page #5 et tu as participé à l'exposition 64_page, la suite... au Centre Belge de la BD, qu'est-ce que tu attendais de ces expériences et que t'ont-elles réellement apportées?

Adley : Une certaine visibilité, une porte d’entrée dans le monde de la bande-dessinée belge. Quelques bonnes rencontres aussi dont une, tout spécialement, qui m’a permis de vendre mes premiers originaux. Une première expérience d’exposition en dehors des murs de l’école.
Mais je me sens un peu déconnectée, en travaillant seule chez moi, difficile d’imaginer les impacts réels que 64_page peut avoir, de son rayonnement au sein de la communauté de la culture et à l’extérieur. 64_page nous permet de montrer qu’on existe. On distribue nos cartes et on croise les doigts pour des retombées futures.

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Raincatcher

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Raincatcher – 4

  1. Selon toi, qu'est-ce qu'il faudrait mettre en place pour valoriser les auteurs débutants, pour favoriser votre accès à l'édition?

Adley : 

Je ne suis pas sure qu’on puisse faire quoi que ce soit pour favoriser notre accès à l’édition. J’ai l’impression que le monde de l’édition est très fermé : trop d’auteurs, pas assez de projets et peu de prises de risque. Mais il y a beaucoup d’autres possibilités qui peuvent nous amener à développer notre travail et à gagner une certaine reconnaissance sans passer par les maisons d’édition dans un premier temps. Ce sont nos projets qui nous portent. Peut-être faut-il simplement nous rendre plus visibles. Peut-être faudrait-il plus de projets comme Radio Grand papier qui mêlent des auteurs et des maisons d’éditions établis à de plus jeunes auteurs, à des fanzines, etc. Des médias qui parlent des multiples formes que peut prendre la bande dessinée sans rapport d’échelle. Peut-être qu’il nous faudrait plus d’aide pour nous permettre de continuer à créer et/ou s’autoéditer. Ceux qui s’en sortent le mieux, d’après moi, sont ceux qui ont créé un collectif durant leurs études et qui ont continué de le faire vivre. Il est plus difficile d’être seul pour se lancer dans l’aventure.

Un bon nombre de collectifs de fanzine, microédition, autoedition, etc poussent les jeunes auteurs à imaginer leur place dans le monde de l’édition et de la bande-dessinée. Je pense à des collectifs comme Jean Guichon éditeur, Tieten met haar, Kool kids klub, la revue Nyctalope, la revue Lagon, etc. Il y a une énergie et une qualité qui émanent de ce qu’ils font qui sont vraiment chouettes. Ils ont réussi à donner de l’envergure à leur projet collectif. C’est très inspirant.

Ce qu’il manque aux auteurs débutants finalement ce ne sont pas les possibilités de créer quelque chose ou de s’autoéditer.  Ce qu’il nous manque, lorsque l’on sort de l’école, c’est de savoir quoi faire, ce qui existe, ce qui est accessible et ce qui ne l’est pas, comment fonctionne le milieu, à qui s’adresser, comment y accéder. Les écoles d’art nous donnent beaucoup d’armes pour développer des pratiques personnelles et intéressantes mais nous en sortons presque ignares en ce qui concerne les démarches concrètes qu’il faudra entamer à notre sortie (statut, aide, subvention, résidence, facture, contrat, etc.). On manque d’un guide. On se retrouve dans un monde hyper vaste avec d’infinies possibilités.

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Contemplation

 

  1. Comment conçois-tu un récit, une histoire? Et comment envisages-tu ton avenir proche?

Adley : Les histoires qui m’ont réellement marquées sont celles qui m’ont fait réfléchir sur les sujets qu’elles abordent. Ce que je recherche lorsque je rencontre une œuvre, c’est quelle m’ouvre l’esprit. Qu’elle me montre un point de vue que je n’ai jamais rencontré. Qu’un glissement s’opère et que je puisse envisager une nouvelle manière de regarder le monde.
C’est ce que j’attends d’un récit, donc de mes récits. J’essaie, lorsque je construis une narration, de chercher des points de vue qui m’intéressent, qui me bouleversent ou tout simplement qui questionnent mon sujet. Je m’inspire souvent de penseurs tels qu’Isabelle Stener ou Émilie Hache par exemple. Je cherche ce qui va me faire découvrir un aspect des choses auquel je n’avais jamais pensé et je le réinsuffle dans mon histoire. Parfois ces glissements, que j’essaie d’intercepter, surgissent de personnes, de rencontres, de ce qu’il se passe dans la rue et même du quotidien. Tout peut être une base d’inspiration et de réflexion pour créer des ouvertures.

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La légende du comte fetti – déplacement

Bien sûr, lorsque je raconte quelque chose, j’espère aussi que cela touchera celui qui lira et que mon histoire sera assez ouverte pour qu’il puisse se la réapproprier. J’aime les histoires où il est impossible de connaitre le point de vue personnel de l’auteur, où plusieurs points de vue sont possibles. Je préfère mettre en lumière une question qu’une réponse.
Pour ce qui est de mon avenir proche, je guette les projets dans lesquels me lancer. J’aimerais beaucoup décrocher une résidence pour pouvoir me concentrer sur le développement de ma pratique. Je participe également à la mise en place d’un atelier de sérigraphie (à Lille) avec Félix Bisiaux qui s’appellera Spectre Edition.

 

Romane Armand : « Je nourris mes récits de ce qui m’entoure et me questionne ».


  1. autoportrait-dessine-romaneRomane a sa première publication dans 64_page #9 en vente en ce mois de décembre 2016. Elle nous offre un roman graphique qui nous plonge dans jungle nicaraguayenne. Dans la puissance de ses couleurs, Romane nous fait découvrir la faune et la flore… 
  2. Raconte-nous ton parcours, qu'est-ce qui t'a amené à vouloir faire du dessin, de l'art ton métier?

Romane : Mes parents sont tous les deux amoureux des livres et des mots. Ma mère est poétesse et ma toujours emmenée avec elle lors de rencontres et de lecture. Pendant ces rencontres j’avais toujours de quoi dessiner pour ne pas m’ennuyer au cas où.

Je me suis donc plus tournée vers les images que les mots. J’ai commencé mes études à l’Erg il y a 5 ans, et j’ai commencé à allier mots et images pour raconter des histoires. 

En cour de route, je suis partie en Erasmus aux Arts décoratifs de Strasbourg pour y découvrir la section ‘livre-objet’ pendant un an. J’ai eu accès à de nombreux ateliers de gravure, sérigraphie, conception de livre de A à Z et ça a été une très belle expérience qui a confirmé mon envie de travailler dans le domaine du livre et de la création de récits… 

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Eau

2. Que représente pour toi cette première publication dans la revue 64_page? Qu'est-ce que tu voudrais que cela t'apporte? Qu'attends-tu de ce type d'expérience?

Romane :  Cette première publication dans la revue 64_page, est pour moi une première expérience de publication. Cela me permet de donner à voir et à lire mon travail dans un autre cadre que l’école. Et de pouvoir me confronter à un regard plus large. C’est assez excitant de pouvoir regarder son travail publié, c’est un nouvel angle.

C’est peut-être aussi l’opportunité de rencontrer de nouveaux auteurs et de créer des histoires à quatre mains par la suite.

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Friche – 1

  1. Comment conçois-tu tes récits? Explique les différentes étapes d'un de tes projets? Sur quel projet travailles-tu pour l'instant?

Romane :  Je n’ai pas un protocole strict, je collecte beaucoup d’images, d’objets, et d’histoires familiales rocambolesques. Je nourris mes récits de ce qui m’entoure et me questionne. Mais je n’ai pas un modèle type de fabrication d’histoire. C’est plutôt, les récits que je construis, qui en fonction de ce qu’ils amènent comme question me force à développer des manières d’y répondre.

Pour le moment je travaille sur le récit d’une femme qui est sous l’emprise d’une force qui la dépasse. Selon le monde l’entoure elle doit être maîtrisé par la force et la discipline. Cependant, elle essaye de la contenir et de la maîtriser. Pour se faire elle rejette les normes sociales mais très vite elle perd pied. Et tente de se donner la mort. Cette force qui l’habitait ne peut disparaître même si elle n’a plus d’enveloppe charnelle.

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Friche 2

4. Selon toi, que faudrait-il mettre en place pour valoriser les jeunes auteurs comme toi? Comment envisages-tu ton avenir? Que comptes-tu mettre en place pour y parvenir?

Romane :  Comment envisager l’avenir ? C’est à la fois très excitant de voir toutes les possibilités qui existe : publications, collectifs, résidences, rencontres et échanges… J’ai beaucoup d’envies notamment de continuer à créer mes récits mais aussi de fabriquer un lieu d’accompagnement de jeunes auteurs qui serait un lieu où on peut réfléchir au fond de son histoire mais qu’on puisse aussi créer la forme qui lui correspond. Le milieu de l’édition a beaucoup de facette, mais  parfois ne répond pas assez aux envies des jeunes auteurs. Les formes que prennent les récits doivent autant s’adapter que la manière de créer de nouveaux récits. Il faut des nouvelles manières de raconter, mais aussi des nouvelles manières de les diffuser.


 

Thomas Vermeire: « J’ai appris à voir les choses différemment ».

  1. autoportr64pThomas Vermeire était devenu Judey et depuis c’est Judey qui est redevenu Thomas Vermeire.

    Rencontre avec un humoriste débridé et un imaginaire délirant… 

    1. Quel est ton parcours? Comment es-tu venu au dessin? Et à ce dessin d'humour très débridé, très libre c'est le fruit d'un long travail ou c'est ton style naturel?

Thomas : Enfants, j’avais toujours des supers commentaires sur mes dessins, je pense que c’est ce qui m’a encouragé à continuer à faire ça et à me perfectionner plus tard en recopiant tous ce qui visuellement m’intéressait. J’ai toujours eu tendance à me servir de tous ce que je créais pour raconter des histoires. C’est donc naturellement que je me suis tourné vers la bande dessinée.

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Islandsea

Par rapport à l’humour, je pense qu’il vient d’abord de mon père qui a toujours eu un humour très absurde. Quand j’avais 12 ans, il m’a fait découvrir les films des Monty Pythons, les Nuls, les Robins des bois … Et je pense que naturellement cet humour s’est ancré en moi. Ça m’a vraiment apprit à regarder les choses différemment et pas toujours sous le même angle.

  1. Tu as collaboré un an au magazine Focus, comment cela s'est-il fait et qu'est-ce que cela t'a apporté dans ton travail quotidien?

Thomas : Ça a été une chouette expérience car ça m’a permit de réguler mon travail. Quand tu as une planche et un strip à rendre chaque semaine, ça te met la pression pour bosser tous les jours. On peut voir une réelle évolution dans mon style au fur et à mesure des semaines. Et puis je me suis éclaté à faire les strips de Fanjo et Lémo, qui reste des personnages super importants pour moi. (pour découvrir Fanjo et Lémo : https://www.google.be/search?q=F+anjo+et++l%C3%A9mo&biw=1015&bih=444&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwjSmKviy9jQAhVHqxoKHSB2AHUQ_AUIBigB )

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  1. Tu as participé aux deux expos de 64_page au Centre Belge de la BD et tu as publié dans deux numéros (#4, septembre 2015 et #8, septembre 2016) qu’est-ce que ce type d’expériences t’apporte?

Thomas : Les deux récits que j’ai publiés dans les numéros de 64 pages sont mes travaux les plus aboutis, donc oui, je suis super fier qu’ils aient pu être exposé au CBBD. J’aime beaucoup travailler sur des récits courts, avec une histoire qui a un début et une fin. Ca me permet d’avoir des œuvres finies et de prendre du recul à chaque fois sur ce que j’ai écris, pour continuer à évoluer par la suite. Ca me rassure de voir que je continue toujours à progresser.

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  1. Quels sont tes projets? Comment vois-tu ton avenir?
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Whispering dolphins small

Thomas : J’ai toujours plein de projets en tête. En ce moment, j’ai plusieurs histoires démarrée qui verront peut être le jour, comme l’histoire d’un garçon qui parcoure le monde pour combattre des géants, ou encore des projets autobiographiques qui sont écrit et que retravaillerai plus tard. En tout cas j’ai pas mal de matière. Je suis toujours dans l’auto-publication et je vais bientôt commencer à lancer une série de fanzines scientifiques appelés «  Puddles »

 

Léo Gillet : « Je suis quelqu’un d’assez impatient, j’aime les choses rapides et bien faites. »

 

  1. leo-gillet-autoportraitRaconte-nous ton parcours? Ton choix de t'orienter vers des études artistiques?

Léo Gillet : Donc moi c’est Léo, j’ai 20 ans et je suis en Bac 03 illustration/ Graphisme à l’Ecole de recherche graphique.

Depuis tout gamin, je dessine des conneries, des bonhommes avec des gros pifs, des femmes à poil,etc. J’aimais bien faire rire autour de moi. Selon mes proches j’étais destiné à devenir dessinateur de bd et j’avoue que cela ne m’aurait pas déplu.

Par la force des choses, j’ai pris l’option art dans mon lycée, pour ensuite rentrer à L’ERG en 2014.

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L’année passée, j’ai commencé à bosser sur mon projet de strips qui finira dans le numéro #7 de 64 page.

C’est le premier vrai projet bd que je mène à bien après une formation en cinéma d’animation.

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De Nicolard

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Gloire

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Les histoires de Francis

 

  1. 64_page a publié (cf #7 de juin 2016) une vingtaine de tes strips en 3 cases, tu as un humour assez trash et un style graphique simple et efficace. En quelques traits et/ou quelques mots tu mets en place des récits fulgurants, désopilants, voire dérangeants. Comment t'es-tu découvert cette efficacité graphique et cet esprit de synthèse?

Léo Gillet : Je suis quelqu’un d’assez impatient, j’aime les choses rapides et bien faites. C’est cela qui m’a malheureusement détourné du cinéma d’animation. Cela me demandait énormément de temps pour un très petit résultat.

Alors j’ai décidé de suivre mon intuition et les notes que j’avais sur mon iphone. En m’inspirant de « la vie secrète des jeunes » de Riad Sattouf, j’ai commencé à dessiner des scènes de la vie de tous les jours. Des scènes banales qui, à priori ne sont pas spécialement intéressantes mais qui le deviennent une fois mises sur papier.

Je n’ai pas voulu m’attarder sur le dessin car pour moi l’idée générale du strip était plus importante. L’humour est absurde, potache et un peu con mais j’ai le sentiment que cela représente un peu la société dans laquelle nous vivons.

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Mode de la route

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Nausée

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Point-Culture

  1. Quels sont tes projets?

Léo Gillet : Pour le moment, je travaille sur un projet bd qui raconte l’histoire d’un serial killer qui n’opèrent que dans les fast food.

Sinon, j’ai la chance d’étudier dans une école pluridisciplinaire qui me permet de tester énormément de médiums comme la vidéo, le graphisme, le son, etc. J’essaye de toucher à tout tant que j’en ai l’occasion.

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  1. Qu'est-ce que t'a rapporté cette publication dans 64_page et cette première expo au Centre Belge de la BD?

Léo Gillet : L’exposition 64 page a donné une vraie visibilité à mon travail et m’encourage à continuer dans ce domaine. C’est vraiment jouissif de voir ses dessins dans une vraie édition et je remercie énormément toute l’équipe pour cette opportunité!

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Puissance du cromi

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Souriez

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Tension

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Trop perché


 

Patrice Réglat-Vizzavona: « C’est par pure nécessité que mon héros est devenu myope et fut contraint de porter des lunettes. »

  1. portrait2Tu as participé à deux éditions de 64_page, les #4 de septembre 2015 et le #8 de septembre 2016, et aux deux expos au Centre Belge de la BD, qu'est-ce que cela t'a apporté? Qu'est-ce que en tire comme enseignement pour la suite de tes projets ?
Qu'est-ce que 64_page - ou d'autres - devrait mettre en place pour promouvoir les jeunes auteurs?

Patrice Réglat-Vizzavona: Qu’est-ce que ça m’a apporté ? Un peu de confiance en moi, des rencontres, mais surtout de la motivation, parce qu’une une fois que ton travail est accroché là-bas, ça te fait réfléchir, tu te balades dans les expos et puis tu passes devant tes planches en te disant qu’il y a encore pas mal de boulot.

Pour la suite ? Bosser plus et puis garder un œil sur les accrochages des futures expos (rires)

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Gravure

Question promo, je ne sais pas trop. Pour 64_Page j’aimerais bien des numéros à suivre, je trouve que ça aide le lecteur à se souvenir, ça pousse aussi les gens à s’abonner. Mais bon peut-être que je suis un peu vieux jeu et que ce n’est plus trop d’actualité. Et puis peut-être améliorer la forme de la revue, en prenant de la distance on peut se demander si c’est une revue de BD, une revue sur la BD, ou un catalogue de BDs, dans tous les cas c’est BD ça c’est sur, mais je pense qu’il y aurait moyen de rendre le tout plus clair. Dans une optique plus directe, peut-être qu’organiser des rencontres avec des éditeurs serait une bonne chose.

Mais je pense que le principal pour promouvoir un auteur c’est de le publier et la prépublication est pour moi une solution relativement simple, qui permet à l’auteur de se former dans ses jeunes années. Mais c’est peut-être un format qui s’essouffle un peu quand on regarde ce qui se fait maintenant chez les grandes maisons d’édition.

La revue Pandora est un bon exemple du climat actuel. Une revue de récits cours et inédits qui plus est de fiction, c’était du pain béni compte tenu de la prédominance de la BD documentaire qui me fatigue un peu. J’étais impatient de lire ça, je m’attendais à des réminiscences de l’esprit (A SUIVRE), avec des auteurs inconnus. Mais en fin de compte c’est uniquement des auteurs relativement bien installés dans le métier qui dessinent là dedans.

Donc je pense que c’est en grande partie à l’auteur de se promouvoir en faisant preuve d’initiative et en participant à des projets.

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Eaudouce – gravure

  1.  Lors de l'exposition de 64_page, la suite... en 2016, tu as présenté un extrait de quatre pages de Herser un projet beaucoup plus ambitieux. Expliques comment tu travailles? Scénario, découpages, recherches, documentations, croquis préparatoire? On veut tout savoir...

Patrice Réglat-Vizzavona: En fin de compte, j’ai écrit cette histoire sans faire de scénario à proprement parler. J’ai commencé en faisant une sorte de time line reprenant tous les éléments importants de l’histoire de façon chronologique, l’apparition des personnages etc… Ça m’a déjà pris pas mal de temps parce que je voulais que le lecteur se pose des questions.

Une fois que j’ai eu ma time line, j’ai commencé directement le découpage. Je ne suis pas très familier avec l’écriture, j’ai tendance à en rajouter des tonnes, à faire des phrases à rallonge, alors j’ai juste dessiné.

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Herser page 16 – crayonné

Du coup, j’ai un story-board qui n’est pas très lisible parce que pour ne pas oublier mes idées je devais dessiner super vite. Lorsque j’ai commencé mon story-board, j’étais encore à l’école et je devais le montrer à mes profs. Mais parfois, mes dessins étaient tellement vite faits qu’on ne parvenait même pas à reconnaître les personnages, du coup, j’ai dû leur ajouter des signes distinctifs. C’est par pure nécessité que mon héros est devenu myope et fut contraint de porter des lunettes. (rires)En parallèle, j’ai fait pas mal de recherche documentaire, surtout pour les passages en bateau, il fallait que ce soit crédible. Je voulais que l’histoire commence sur un huis clos et je trouve que le bateau est la meilleure illustration de cette idée. Mais si j’ai fait ce passage c’est aussi parce que je savais où trouver la doc’.

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Herser page 16 – définitif

Quand il était plus jeune, mon père habitait à Marseille. Avec son frère et un ami à lui, ils ont retapé un huit mètre à voile, puis ils sont partis à trois au Sénégal. Son ami est resté et vit toujours là-bas aujourd’hui. Puis à deux, ils sont repartis et ont traversé l’atlantique jusqu’au Brésil. Il a fait pas mal de diapos de ce voyage et je les regardais souvent quand j’étais petit.

Du coup, j’ai récupéré ces images et je lui ai posé plein de questions sur le fonctionnement du bateau, la navigation, la vie à bord.

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Herser – Couverture

Il m’a expliqué plein de choses et m’a même fait un plan du bateau avec les dimensions et l’emplacement du moteur, des couchettes, les astuces qu’ils avaient trouvés pour gagner de la place, ils avaient bricolé ça super bien. Grâce à tous ces éléments, j’étais capable de dessiner tous les angles de vue que j’avais en tête.

Le reste de l’histoire n’est pas situé géographiquement, dons la plupart du temps j’invente les décors,

je me sers pas mal de mes souvenirs pour créer les environnements même si je continue de me documenter au fur et à mesure de mes besoins.

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reveherser-en cours (gravure)

Pour les planches finales, je suis passé par pas mal de phases, j’ai testé beaucoup de choses. Mais le premier test concluant que j’ai fait c’était en gravure sur métal, je voulais quelque-chose avec des valeurs de gris, des aplats, du coup j’ai fait une page en aquatinte. Le rendu me plaisait, mais c’était vraiment long pour un exemplaire unique du coup j’ai décidé d’essayer d’approcher ce rendu au lavis.
Aujourd’hui, je travaille beaucoup à la table lumineuse. Je fais mes crayonnés sur du papier machine très fin, je découpe, je refais une case, un élément, un visage, et une fois que je suis satisfait j’encre sur ma planche définitive à la table lumineuse. Ça me permet de gagner beaucoup de temps parce que je peux recadrer, refaire certaines cases si j’ai fait une tâche et puis je n’use pas mon papier qui réagirait mal avec le lavis par la suite.

Une fois que j’ai fais tout ça, je pose mes lavis pour donner une ambiance à la planche. Je me rends compte en écrivant que c’est assez artisanal !

  1.  Tu auras bientôt un récit publié? Ce serait un récit érotique, peux-tu expliquer ce projet?

Patrice Réglat-Vizzavona: Oui, il s’agit d’une série d’histoire courte qui s’appelle « Maudites ».

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Maudites – Couverture

Au début, j’avais juste envie de faire de l’érotique pour améliorer mon dessin et c’est ma copine qui c’est collée au scénario. On c’est vraiment amusé à faire le premier épisode, C’était vraiment drôle pour moi de voir de quelle manière elle tournait les choses. Et puis on c’est pris au jeu et on a eu envie d’en faire d’autres.

Du coup, elle a écrit quatre histoires courtes au total, elles sont toutes inspirées de la mythologie. La première histoire s’appelle « PZ66″et est inspirée du mythe des sirènes scandinaves, la deuxième s’appelle « M » et … sort en décembre si tout se passe bien!

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Maudites page 8 cases 1, 2 et 3

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Pour le moment c’est seulement pré-publié numériquement sous le label « Dynamite » de la Musardine. Ils se servent du numérique pour sonder un peu le public et sortent une de nos histoires tous les trois mois. Du coup on espère que ça plaira et que le recueil sortira en papier lorsque j’aurai achevé les dessins.

  1.  Comment vit un jeune auteur? Quelles sont tes contraintes? Comment concilies-tu ton travail de création et les essentiels, te loger, manger, te cultiver, ... Selon toi, qu'est-ce qu'il faudrait mettre en place pour que les jeunes auteurs puissent, après le master, continuer à se former tout en ayant la possibilité de publier, de montrer leurs travaux?

Patrice Réglat-Vizzavona: Comment je vis ? Plutôt simplement je pense. Je ne sors pas beaucoup pour ne pas me détourner de mes objectifs. J’ai mon atelier chez moi, du coup je suis assez sédentaire. Pour palier au mode de vie assis, je fais un peu de sport. Je suis aussi inscrit dans une académie de gravure à Etterbeek où je vais plusieurs fois par semaine.

Pour le moment, je ne gagne pas grand chose avec mes dessins alors je fais la plonge dans un restau, ce n’est pas glorieux, mais ça te rappelle quel boulot tu ne veux pas faire toute ta vie.

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Maudites page 2

Je ne suis pas allé jusqu’au Master, j’ai simplement un Bachelot en Illustration et je pense qu’il existe déjà pas mal de chose pour les jeunes auteurs. A mon avis, ces choses là sont relativement à notre portée si l’on fait preuve de discipline.

Mais je pense que pendant les études, les profs devraient mettre l’accent sur la construction des dossiers d’édition, car c’est pour moi une étape très importante pour démarcher les éditeurs, surtout à notre époque où les revues de prépublications sont très peu nombreuses et où il faut tout de suite arriver avec un projet d’album.

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La flèche – gravure

 

 

Pierre Mercier : « Au théâtre il n’y a pas que le jeu et le texte, les personnages peuvent se retrouver à changer d’espace, de temps et de lumière ».

Pierre Mercier fait partie de la « promotion » 2015 de 64_page, depuis deux années que nous le connaissons, il a multiplié les expériences intéressantes et enrichissantes. L’occasion d’en parler avec lui… 


1. Explique-nous ton parcours. Qu'est-ce qui t'a amené à suivre des cours de dessin, de venir à l'ERG à Bruxelles? Et ce que cela t'a apporté?

Pierre : Je suis arrivé à l’ERG (un peu) par hasard. Quand on a commencé à nous parler de métier, je savais que je voulais dessiner et j’ai alors choisi l’illustration. J’ai passé mon bac STI Arts Appliqués (section artistique) et j’ai atterri à La Souterraine en BTS (2 ans) en communication visuelle. Ensuite j’ai tenté Illustration Scientifique et Médicale à Paris. J’ai raté le concours mais une de mes profs de BTS nous avait parlé des écoles bruxelloises. J’ai donc postulé à l’ERG (puisque la Cambre n’enseigne pas la BD ou l’illustration et que les frais de dossiers étaient plus chers à St Luc, je crois. Bref) et je suis arrivé directement en BAC 2. J’ai l’impression que l’ERG a autant de qualités que de défauts, et les deux pourraient se résumer à la liberté qu’on y a. Tout en suivant l’atelier d’illu-BD, j’étais aussi au fil des années en cours de gravure sur métal, d’art numérique et d’animation. Je parlerais pour la section narration, mais aucun prof ne vous dit vraiment ce que l’on DOIT faire. Si tu ne travailles pas ce n’est pas vraiment le problème des profs, tu es tout seul à en pâtir. C’est à toi de savoir ce que tu veux faire, comment et d’organiser ton temps pour, sinon, et bien tu glandes. C’est cool, mais au final tu n’es pas allé bien loin.

2. Tu as publié dans le 64_page #2 (avril 2015) un extrait fascinant d'un projet très vaste Le Palais, que devient ce projet? Est-ce que tu y travailles toujours?
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Le Palais (publication dans 64_page #2, janvier 2015, extraits)

Pierre : Et bien il est en pause depuis un moment ! C’était mon travail de M1, et en M2 je me suis lancé dans la couleur et dans un autre projet. Il s’avère que je vais me replonger dedans avec deux amis, Vérane Rebet et Noam Rzewski. Vérane, qui avait suivi sa réalisation, s’en était inspiré pour un atelier son à La Cambre, et elle avait demandé de l’aide à Noam (le créateur sonore du projet Jungle Space in America, dont je fais partie). L’idée était, en gros, d’en faire la bande son, d’en faire une déambulation sonore. Je n’avais pas du tout participé à ce travail mais ils m’ont proposé de pousser plus loin le projet, ce que j’ai tout de suite accepté. L’idée est de mélanger BD, son, scénographie et maquette, puisque je voulais en Master qu’il y ait un dialogue entre maquette et dessin. Affaire à suivre donc.

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Le Palais – Carte visions

 

3. Parle-nous de projet collectif Jungle Space in America, raconte la genèse de ce projet et son évolution future ?
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Centrale Hydraulique

Pierre ; En septembre dernier je suis parti en résidence de création à Talange (FR) avec quatre amis qui sortaient de mise en scène à l’INSAS et de scéno à la Cambre, pour créer une pièce de théâtre sans paroles, Jungle Space in America, inspirée d’une nouvelle de H.P. Lovecraft.

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Jungle Space in America

Au départ je ne devais faire qu’une sorte de carnet de bord, une documentation dessinée de la résidence. Mais on a très vite voulu aller plus loin ; sont alors nées les parties installation et bande-dessinée du projet. Il s’avère que chacun d’entre nous avons un rôle et une pratique de prédilection au sein du collectif ; il y a Noam, dont j’ai déjà parlé, qui s’occupe du son, Léonard Cornevin de la lumière, Marie-Laeticia Cianfarani de la scénographie et Camille de la mise en scène. Mais nous travaillons en collectif où chacun suggère des idées aux autres, dans toutes les disciplines. Nous ne restons pas cantonnés. Il y a deux jours se terminait Visions aux Halles de Schaerbeek où l’on a présenté notre première étape de l’installation. Il y aura notamment une présentation de la pièce à Talange, la sortie de la 1ere partie de la BD, Jungle, avec une expo aux Halles Saint-Géry et aussi la création d’une forme « Conférence », toujours en lien avec ce projet, un brin tentaculaire.

4. Tu vas en Avignon pour participer à une résidence artistique, expliques-nous ce projet? Ce que tu en attends? Et aussi quels sont tes autres projets?

Nous y sommes déjà avec ERSATZ, le même collectif que pour JSA, mais pour un autre projet de théâtre et d’installation, Quelques Rêves Oubliés. Il s’agit du travail de fin d’études de Camille, une adaptation d’un texte jamais monté ou édité en français, de Oriza Hirata, auteur japonais. Ici, à La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, nous travaillons uniquement sur la technique. Et comme pour JSA, le dispositif scénique a une place prépondérante.

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Jungle Space in America 1

La lumière, le son et la scénographie sont des « personnages » à part entière, ou en tout cas ils sont au même niveau que les comédiens. Ils permettent, comme la 2D et le dessin, de témoigner des présences étranges inhérentes au réalisme onirique de ce projet, de ce texte. Nous serons par ailleurs en avril prochain en résidence au Japon, cette fois avec les trois comédiens (Gwen Bérou, Pauline Gillet et Aurélien Dubreuil-Lachaud), et où je continuerais l’archive dessinée du projet.

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Quelques rêves oubliés…

Au théâtre il n’y a pas que le jeu et le texte. En traversant un châssis ou un élément de scénographie, les personnages peuvent se retrouver à changer d’espace, de temps et de lumière. Exactement comme sur une planche de BD. Si cela a été un réelle découverte, elle m’a beaucoup et continue de m’apporter et de m’inspirer dans le dessin. Et dans le cas de notre collectif, cela fonctionne aussi dans l’autre sens.

Pour l’instant je suis pas mal occupé avec tout cela mais je voudrais reprendre mon travail de Master 2, un dialogue quasi fantastique entre 2 employés d’une centrale hydraulique souterraine confrontée à une panne plus qu’inattendue, puisqu’en principe inexistante. J’aimerais aussi faire de l’illustration pour la presse, mais je n’ai encore engagé aucune démarche.

 

Éléonore Scardoni: « L’expérience sur l’île d’Utö, source de nouveaux projets de récits ».

autoportrait-eleonoreÉléonore Scardoni, un talent tout en finesse, tout en nuance, à découvrir sans tarder.

En perpétuelle recherche, elle ne pourra que vous étonner par ses récits, ses beaux dessins, ses récits entre rêves et réalités.

  1. Racontes-nous ton plaisir de dessiner, d'où te vient-il? Qu'est-ce que t'a apporter ta première publication dans 64_page en janvier 2015? Et les deux expos auxquelles tu as participé au Centre Belge de la BD ?

Éléonore Scardoni: Je dessine depuis que je suis petite. Avec papa. Pour m’occuper, pour me concentrer, pour me calmer et m’aider à réfléchir. Je n’ai jamais eu une grande aisance à l’oral finalement planqué derrière mon crayon je suis bien.

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Ma première publication dans 64_page, c’était déjà m’a première vrai publication tout court. La première fois que je donnais mon travail à quelqu’un pour le voir publier des mois plus tard dans une revue. J’ai vu ça comme un réel de motivation, c’est peut être possible faire ce que j’aime.

Pour les expositions, c’était de belles opportunités d’être exposé au Centre Belge de la bande dessinée de Bruxelles.

  1. Tu es parties une année à Helsinki (corrige-moi si je me trompe!), quel était ton projet? Qui as-tu découvert? Comment vas-tu utiliser cet acquis dans tes projets? Images-tu une suite, un nouveau séjour en Finlande?

Éléonore Scardoni: Oui je suis partie un an en Erasmus en Finlande à Helsinki. C’est dans l’Académie des beaux arts de Helsinki, en pôle image imprimée, que j’ai eu la change de continué ma pratique de la gravure métal. J’ai exploré et ouvert mon champs de vision sur une approche plus contemporaine et expérimental de la gravure.

Après la Finlande est un pays fabuleux, il y a un climat, une luminosité et une nature qui influence beaucoup le rythme de vie des ses habitants et cela même en ville.

Là-bas, je suis partie faire une résidence sur l’île d’Utö, située dans la mer Baltique, loin de la terre ferme. La vie quotidienne sur cette île va au gré de la nature et est très dépendante des conditions météorologiques.

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L’expérience de Utö et de rythme de vie scandinave sont les déclencheurs et les moteurs pour de nouveaux récits en bande dessinée et de nouveaux projets en gravure.

D’ailleurs les quatre pages publiées dans le numéro 8 de 64_page en septembre ont pour titre « Utö » et sont une première exploration graphique de l’île, et je travail actuellement sur de nouvelles explorations qui j’espère aboutirons à un récit complet.

Un nouveau séjour en Finlande, peut être, mais je me laisserais bien tenter par une résidence dans un autre pays scandinave.

  1. Comment conçois-tu un récit, une BD? D'où prends-tu ton inspiration? Comment travailles-tu?

Éléonore Scardoni: Alors la, je ne suis pas quelqu’un de très méthodique. Pour le scénario je pars souvent d’une première observation, d’une expérience que j’ai pu vivre dans le réel et j’y ajoute des histoires que l’on m’a racontées, de la documentation, et des histoires que je m’invente. Je passe souvent par des dessins d’observation ou non avant d’écrire le scénario. Mes idées viennent la plupart du temps en dessinant.

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  1. Si tu as un désir absolu dans ton métier, celui qui réalisé te permettrait de te dire que là tu as atteint un objectif essentiel, ce serait quoi?

    Éléonore Scardoni: Euh, je sais pas. Réussir à faire un récit qui tout en faisant voyager questionne et remet en question le lecteur sur leur mode ou cadre de vie actuel.

 


 

 

 

Pluie Acide : « une BD c’est comme un bon livre, si tu n’as personne pour la regarder ça sert à rien ! »

pluie-acide-portrait-dessine-garente-morganPluie Acide était de notre première revue en septembre 2014, il a inauguré la rubrique « jeunes auteurs » avec Sylvain, Alice et Antoine et dédicacé ces premiers 64_page à la Fête de la BD bruxeloise de septembre 2014, au côté de Vanna Vinci.

Depuis, il a fait la Pluie et le beau temps à Nice et publié une seconde histoire déjantée mais spatiale dans le #8 de 64_page (septembre 2016) et il a participé à nos deux expositions au Centre Belge de la Bande Dessinée.

  1. Qu'est-ce qui t'avais amené à venir faire tes études sur Bruxelles? Comment évalues-tu cette période de ta vie tant au point de vue études? Que les rencontres que tu y as faits? Et que penses-tu de Bruxelles?
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    L’évasion

    Pluie Acide : Je suis venu terminer mes études à Bruxelles il y a maintenant 3-4 ans après avoir fait 3 ans aux Beaux-arts de Clermont-Ferrand. Je n’ai pas du tout aimé ces années d’études où je ne dessinais presque jamais. Là-bas si tu fais du figuratif tu es vu comme quelqu’un à côté de la plaque, alors vous imaginé un type qui veut faire de la BD? On m’a clairement fait comprendre que je n’avais pas ma place aux Beaux-arts. C’était frustrant, surtout quand t’as 20-25 ans et que tu ne sais pas trop quoi faire de ta vie. Après 3 ans je suis venu à L’ERG. Comme je n’aime pas l’école en général j’ai arrêté au bout de quelques mois pour me consacrer qu’au dessin et à la BD (je ne suis pas forcément un exemple à suivre). Cela m’a permis de rencontrer Olivier Grenson qui était mon prof de BD, un type super attentif et gentil qui m’a ensuite proposé de dessiner pour 64-page. Quand à Bruxelles, mis à part le temps grisâtre, c’est une ville que j’aime, dynamique et plus enclin à la culture des Arts et du Dessins. 

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    Madame de l’espace

  1. Tu étais dans le tout premier numéro de 64_page, tu fais donc partie des pionniers. Tu as aussi participé à notre première dédicace avec la dessinatrice italienne Vanna Vinci (La Bambina Filosofica) et une autre jeune Alice Mortiaux. Tu es resté en contact puisque tu as participé au projet "Alice" avec le Focus-Vif et au #8 de 64_page, qu'est-ce que t'apporte ces expériences?

    Pluie Acide : C’est toujours agréable de voir ton travail publié parce que ça sous-entend que ce que tu as fais n’a pas totalement servi à rien. J’ai l’habitude de dire qu’une BD c’est comme un bon film ou un bon livre ou un album de musique, si tu n’as personne pour la regarder ça sert à rien. Comme tous objets culturels, c’est le spectateur et/ou l’auditeur qui fait vivre une œuvre à travers son regard et ça l’artiste ne doit jamais l’oublier. 

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  1. Tu as été publié un long récit dans la revue ???? (Le nom m'échappe, aide-moi!) de Johan Sfar, qu'est-ce que t'a apporté cette expérience? Et en général, que retires-tu de tes contacts, démarches, rencontres avec des auteurs confirmés? Et avec des éditeurs? Quelle est ton expérience de jeune auteur?

Pluie Acide : Il s’agissait de la revue Papier (n°6) tenue par Lewis Trondheim et Yannick Lejeune, Sfar y a publié une histoire mais il ne s’occupait pas de la revue. Le fait d’être publié dans cette revue m’a apporté un peu de joie puisqu’il s’agissait de ma toute première publication ainsi que le petit chèque qui va avec (c’était la première fois que j’étais payé pour un travail). J’ai d’ailleurs rencontré Lewis y’a pas longtemps lors de la fête de la BD de Bruxelles, je m’attendais à voir un petit bonhomme aigris et imbuvable (je dis ça parce que ça fait quelques années qu’on se parle par mail, je lui montre désespérément mes planches en espérant qu’il me publiera sur un album complet et que quand tu parles par écrit avec une personne que tu ne connais pas, tu te fais une fausse image de la personne en question), mais  il a était très cool et chaleureux, il m’a traité comme un ami finalement. Ce genre de rencontre c’est important et pas seulement avec les dinosaures comme Trondheim mais avec les gens qui font partie du monde de la BD en général… je veux dire, c’est un métier vraiment très difficile et discuter de tout ça et bien ça me permet d’exorciser certains démons parce que tout ces gens vivent ou on vécu ce genre de difficulté et je me dit: « ok, c’est normale d’avoir du mal à être publié, de pas gagner beaucoup d’argent, etc, etc… » et puis ça fait des copains et des copines qui partagent la même passion que toi, c’est important aussi de pas se sentir isoler. 

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  1. Tu reviens t'installer à Bruxelles, cela fait partie d'un projet éditorial? Comment vois-tu ton avenir immédiat?

    3Pluie Acide : Je reviens sur Bruxelles un certain temps pour m’occuper un peu de moi en fait. J’ai besoin de changer d’air et de rencontrer de nouvelles têtes… et qui sait? Il y aura des opportunités qui me seront données et peut-être qu’un éditeur Belge voudra de moi. Ha! Et puis les Bruxelloises sont plutôt mignonnes mais ça, c’est une autre histoire.


 

 

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