Interviews

Découvrez les auteurs d’aujourd’hui et de demain !

© Julie Mandarine & Jean-Christophe T

 

Les auteurs du 64_page #27 se dévoilent :

Simon BELIN : Lis l’air

Interview :  64_page

64_page : Bonjour Simon, pourrais-tu te présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Simon BELIN

Simon :  Je m’appelle Simon Belin, j’ai été l’élève de Benoît Lacroix pendant … heu beaucoup de temps, j’ai créé avec mes amis Henri Ziegler, Julie Mandarine et Pierre Lhoir le collectif « la boîte à sardine », un atelier à Namur où on fait de la BD librement, chacun sur ses projets.

 64_page : Au niveau de la réalisation de ces pages, pourrais-tu décrire ta manière de procéder ? Quels outils as-tu utilisés ?

Simon : La première étape pour la fabrication d’une BD c’est d’avoir un téléphone cellulaire portatif GSM intelligent. Pourquoi ? Parce qu’avoir de bonnes idées ça n’arrive jamais quand on en a besoin mais toujours quand on est à deux doigts d’aller dormir. On note alors dans son appli bloc-notes toutes sortes de trucs, ça peut être un dialogue, une idée, un concept, une tournure de phrase n’importe quoi. Puis vient le moment où on est devant sa feuille et on ne sait pas quoi écrire. On relit alors son bloc-notes et on fait le tri. On écrit des idées, on gribouille un truc, puis deux et on finit par décider de partir sur un truc. Ensuite, ce qui est pour moi l’étape la plus importante, on cherche une chute à son histoire… S’ il n’y a pas de chute, alors l’histoire ne va nulle part et autant ne rien raconter. Une fois que c’est fait, on fait un premier pré-découpage. Un truc rapide au crayon pour gérer le tout, voir combien de planches ça va prendre etc. Ensuite, je fais mon crayonné en étant plus précis, je le scanne,  je pose les couleurs sur photoshop et puis je fais le trait. Il est à noter que je n’efface jamais entièrement le crayonné de mon fichier, je trouve que ça rend le produit final plus chaleureux car imparfait.

Simon Belin : Lis l’air

64_page : As-tu des projets proches, quels sont-ils ? Notamment à plus long terme, vers quoi voudrais-tu te diriger ?

Simon :  J’ai deux projets en cours. Un grand et un petit, Le petit c’est de participer à un concours chez Fluide glacial pour y être édité, le second est ma BD de cœur qui raconte l’organisation d’un grand Karaoké se déroulant au milieu du siège d’une forteresse médiévale.

64_page :  Avec 64_page, nous essayons de pallier la disparition de la plupart des revues de prépublication, où les jeunes auteurs pouvaient faire leurs armes… Que penses-tu de la situation à ce sujet ? Et comment as-tu connu 64_page ?

Simon : Je suis assez peu calé sur le sujet, moi-même, j’en ai très peu lu. J’ai toujours lu de la BD par le prisme des albums… Après, je pense qu’il faut revoir en profondeur le système car celui-ci, je pense, manque d’ambition pour fidéliser son public. Je pense que le système japonais est plus adapté au souhait actuel du public. Pour fidéliser, les magazines de prépublication ont leur séries phares, qui en plus touchent un plus large public grâce à leur adaptation quasiment simultanée à la télé. Pour faire découvrir leurs nouveaux talents, ils ont des histoires indépendantes publiées dans les mêmes magazines… Ce n’est pas non plus un système parfait mais je pense qu’il apporte plus de visibilité et que c’est en grande partie pour ça que les manges se vendent de mieux en mieux.

J’ai connu 64 grâce à deux choses, la première c’est la visite du stand à la fête de la BD de Tour et Taxi l’année dernière. La seconde, c’est que Julie et d’autres copains artistes m’en ont parlé.

64_page : Pourrais-tu livrer à nos lectrices et lecteurs tes influences en bande dessinée ? Ou en tout cas les auteurs et autrices qui ont marqué ton parcours de lecteur ?

Simon : Mes influences en BD, on les trouve du côté de la BD humoristique et notamment Franquin (ce qui n’est pas très original mais j’assume). Je citerais aussi « Joe Bar Team », « Pierre Tombal », ou encore « Mélusine » (j’adore Mélusine, je trouve que ça déborde de malice). Je dois aussi énormément de mon style mordant à Winschluss et notamment son géniale « In God We trust » mais je peux aussi citer le « I hâte Fairyland » de Skottie Young . J’adore aussi les BD de Brian Lee O’Malley et sa maestria dans ce que j’appelle « l’écriture d’une bande de potes ». Enfin mon goût de la fantasy me vient sans doute des « Légendaires » que j’ai bouffé en continu en étant môme, mais aussi dans un registre moins enfantin de l’immense « Berzerk » de Miura même si c’est peut-être prétentieux de ma part de le citer.

Après s’il faut citer des BD qui m’ont marqué au fer rouge sans toutefois que je les considère comme des influences sur ce que je fais je peux citer pêle-mère, « les nombrils », « le Bleu est une couleur chaude », « Hikaru No Go », « Fables », « Freaks Squeele », « Vinland Saga », « Seuls », « Mon ami Dahmer », « Hello Fucktopia », « Blue Giant », ainsi que plusieurs BD de Lupano notamment le « Traquemage », « Azimut » ou encore « l’homme qui n’aimait pas les armes à feu ». Mais si je devais n’en choisir qu’une, ce serait l’incroyable « première guerre universelle » de Denis Bajram.

 

Pour suivre Simon : Instagram : belin_simon1995
 

 

Stefano PACE : L’art de la survie

Interview Marianne Pierre

 

64page: Tu dis que ton entourage te surnomme « l’homme aux bêtes »… pourquoi? 
 

Stefano PACE

 

Stefano PACE: Parce que quand j’étais enfant, les animaux étaient pour moi des compagnons de jeux, mais que je respecte avant tout en tant qu’êtres vivants. Étant enfant unique, mon affection pour eux était tellement grande que je les considérais comme les frères et sœurs que je n’ai pas eus. Ils ont été, et sont toujours pour moi, un enseignement sur la vie, l’acceptation et le respect du vivant, et de la diversité de notre planète Terre. Je me suis intéressé à l’écologie dès l’enfance, et ce grâce aux émissions et dessins animés des années 80.

64page: Peux-tu nous parler de ton parcours d’auteur?
Stefano PACE: J’ai fait mes études du secondaire à l’Athénée Royal de Jumet, en général. La biologie, la chimie, la physique, et les sciences étaient mes cours préférés. Je voulais devenir vétérinaire comportementaliste.
Puis comme il y avait la section technique artistique, je me suis découvert une passion pour l’illustration et la bande dessinée.
Après les humanités, j’ai poursuivi mes études artistiques de 2000 à 2005 à l’E.S.A.P.V. (école supérieure des arts plastiques et visuels) de Mons, aussi nommé Carré des arts. J’étais dans l’atelier de dessin et mes sujets étaient le monde animalier, et l’imaginaire très expressif. Aujourd’hui le Carré des arts a été rebaptisé « art2 » (art au carré).

Stefano PACE : L’art de la survie

 
64page: Comment t’es venue l’idée du frelon asiatique, cet insecte qui décime nos abeilles en Europe? 
Stefano PACE: Je voulais montrer l’étonnante technique des abeilles japonaises (Apis Cerana) face à leurs ennemis de toujours, les frelons géants japonais (Vespa Mandarinia).Dans l’histoire, une abeille européenne (Apis Mélifera) intègre une colonie sauvage et apprend l’organisation et la survie. Je voulais montrer les conséquences causées par l’homme en voulant jouer à l’apprenti sorcier avec la nature. En modifiant la physionomie et la génétique des abeilles, l’homme en a fait des êtres vulnérables, tout juste bons à produire du miel. Les abeilles domestiques sont devenues vulnérables face aux maladies, n’ont plus de grandes capacités défensives face à leurs ennemis. Le frelon asiatique (Vespa Velutina) importé en France en 2004 a vite compris, et ne fait qu’accomplir ce que son instinct lui dicte de faire. Le thème sur le frelon asiatique m’est venu d’un documentaire, avec un scientifique japonais du nom de Massato Ono, spécialiste des frelons, et en particulier, le frelon géant japonais (Vespa Mandarinia).
 
64page: On sent dans ces planches un travail artisanal, assez loin du numérique? 
Stefano PACE: Mes planches, en effet, sont très artisanales, et sont assez loin de ce que l’on peut voir des réalisations faites avec le numérique. Je ne rejette pas le numérique, bien au contraire, mais je voulais montrer les grandes capacités de création de cette merveille de l’évolution: notre main, avec ce pouce opposable. Je suis pour les alternatives, et le numérique est un exemple parmi tant d’autres. La technologie doit être un outil, un moyen que l’on peut associer aux travaux faits à la main.
Mais elle ne doit pas être une fin en soi.
 
64page: Comment as-tu découvert 64page? 
Stefano PACE: J’ai découvert cette revue pendant les discussions et projets à l’atelier de bande dessinée et d’illustration, et surtout grâce à mon professeur monsieur Philippe Cenci. J’avais participé à un des projets de la revue 64_page sur le thème « Ensemble « .
 
64page: Quels sont tes projets artistiques? 
Stefano PACE: Ils sont multiples. J’ai pas mal d’idées de réalisations de planches de bande dessinée, ainsi que d’illustrations. Mes principaux sujets seront l’imaginaire, et le monde animalier, ainsi que la sensibilisation au respect du vivant en général. J’ai des projets d’expositions, et je compte faire une formation de bibliothécaire. Comme je suis animateur, cela sera un plus, dans le domaine de la culture.
Pour suivre Stefano Pace : Lien Facebook : Stefano Pace

 

 


Giulia GEMMEL : Drôle d’oiseau

Interview Gérald Hanotiaux

Nous rencontrons aujourd’hui Giulia Gemmel, qui propose dans le numéro 27 de 64_page – numéro marquant les dix ans de la revue -, une histoire en deux très belles pages marquées de tons bleus et violets : Drôle d’oiseau. Comme elle le signale, fan des mots, elle aime les associer aux crayons de couleurs pour raconter les émotions humaines.

 

Gérald Hanotiaux. Pourrais-tu te présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Giulia GEMMEL

Giulia Gemmel. Je m’appelle donc Giulia, j’ai 25 ans, et j’ai terminé mes études de bande-dessinée il y a environ un an. J’aime utiliser la bande dessinée pour raconter des histoires humaines, des choses qui me touchent ou m’interpellent, souvent à l’aide de crayons de couleur, toujours dans des tons doux.  

Tu présentes dans notre dernier numéro deux très belles pages, en effet très colorées, intitulées Drôle d’oiseau. Qu’en dirais-tu pour attirer nos lecteurs, pour les poussez à les découvrir ?

Ces deux pages, je les ai écrites au départ simplement pour moi. Elles sont en effet très personnelles, j’hésitais à montrer un morceau de moi aussi intime, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans un magazine… Jusqu’à ce qu’une de mes amies me confie, pendant l’écriture, qu’elle pouvait s’identifier à cette histoire, cela avait fait écho en elle, à une période de sa vie lors de laquelle elle avait fait une rencontre similaire à la mienne. Dans le même temps, je filmais des bouts de ma vie, un peu tous les jours, que je montais sous forme de vidéos, elles documentaient tout le processus de création. Au même titre que la bande dessinée, les vidéos ont été un exutoire, suite à ça j’ai finalement décidé de partager tout ça… Les trois vidéos sont toujours visibles sur mon profil instagram.

© Giulia GEMMEL : Drôle d’oiseau

Il se dégage de ces deux pages une belle ambiance, teintée d’une grande sensibilité et d’une belle poésie dans l’écriture… Tu as envie de parler d’où viennent exactement ces mots ?

Un soir, j’ai mis un terme à une relation qui ne m’épanouissait pas. Le plus difficile, dans les débuts de relations, c’est de s’apercevoir suffisamment tôt que, quoiqu’on fasse, cela ne fonctionnera pas… On se doit, à soi-même, de partir pour se protéger, simplement car nous sommes « coincés avec nous même » toute notre vie, alors autant prendre soin de soi du mieux qu’on peut, en s’entourant de personnes positives pour soi.

Cela n’a pourtant pas été facile. On a beau savoir que le chocolat est mauvais pour la santé, par exemple, on aime tout de même en manger.  Ce soir-là j’ai marché longtemps, ou plutôt erré, dans ma ville, avec un trop plein de pensées… Lorsque je suis rentrée, j’ai écrit les mots comme ils me venaient, et sans les relire je les ai laissés de côté. Ce n’est que plus tard, après quelques semaines, que j’ai décidé d’en faire quelque chose. Au fil des jours, j’ai assemblé les mots, en ajoutant certaines phrases, en en supprimant d’autres, parfois ils me venaient en me promenant seule, d’autres fois au fil des discussions avec mes proches. Un de mes amis les plus proches m’a d’ailleurs énormément aidé sur la fin de l’écriture. Je me suis ensuite rendue compte, une fois ces planches terminées, que c’est en dessinant la deuxième page, justement, que je l’avais tournée cette page de ma vie. 

Pourrais-tu décrire ta manière de procéder ? Quels outils as-tu utilisé ?

Pour ces planches j’ai travaillé principalement au crayon de couleur en ajoutant quelques touches d’aquarelle. J’ai toujours tendance à utiliser un crayon mauve plutôt sec pour les traits de contours principaux ainsi que pour les ombres, j’utilise ensuite d’autres crayons de couleurs plus gras pour contraster avec le trait de contour, j’harmonise ensuite le tout avec l’aquarelle.

 

T’arrive-t-il cependant de développer d’autres styles, d’utiliser des outils variés ?

Il m’arrive fréquemment de combiner le marqueur-pinceau aux unipen, surtout pour réaliser des croquis, cependant je les privilégie toujours en brun. De manière générale, j’ai tendance à éviter les teintes trop sombres dans mes dessins, cela donne selon moi un côté trop dur, « abrupte », à mon travail. J’affectionne aussi particulièrement le brou de noix.

Tu es détentrice d’un master en bande dessinée, où l’as tu réalisé ? Et comment décrirais-tu l’apport de l’enseignement artistique dans ton parcours ?

Après l’institut Saint-Luc à Liège, j’ai réalisé mon master à l’Académie des Beaux-Arts, dans la même ville. En débutant mon bachelier, j’étais surtout curieuse du monde de la bande-dessinée, et je ne voulais pas avoir des regrets, plus tard, de ne pas m’être dirigée vers cet enseignement… Il était convenu avec ma famille qu’après ce bachelier j’irais vers une formation dans un domaine plus « porteur », mais très vite, après ma première année, j’ai été certaine de ne pas vouloir faire autre chose. J’ai en effet découvert un épanouissement total lorsque j’avais un crayon en main, et que je n’aurais peut-être pas assez d’une vie pour découvrir toutes les possibilités artistiques existantes.

 

Pourrais-tu nous indiquer les auteurs et autrices qui t’ont influencé, ou en tout cas qui ont marqué ton parcours de lectrice ?

En tant que lectrice, pendant un long moment, je n’ai ouvert que des mangas. Puis, un jour, j’ai découvert une bande dessinée d’Alessandro Barbucci, ça a été comme un déclic pour moi. Je suis devenue curieuse de tout ce qui pouvait exister comme bande-dessinées et, de fil en aiguille, je me suis aventurée à la découverte de nouveaux ouvrages. Certains m’ont réellement marquée, scénaristiquement ou graphiquement, telles que Maus d’Art Spiegelman, ou Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons, ou encore Quartier lointain de Jirô Taniguchi et Pilules bleues de Frédéric Peeters. 

Certains artistes m’inspirent énormément dans l’ensemble de leur travail, pour lesquels il me serait difficile de choisir un seul ouvrage, comme Ulli Lust, Julie Delporte, Pénélope Bagieu, ou encore Aurélie William Levaux, qui a été ma professeure à Saint-Luc. Elle a été – et est encore – une grande source d’inspiration pour moi.

Pourquoi avoir répondu à cet appel de 64_page ?

J’ai été contactée par 64_page, suite à des planches de bande dessinée publiées sur les réseaux sociaux, mais cela faisait un moment que j’hésitais à envoyer quelque chose, j’ai donc sauté sur l’occasion.

 

Pour terminer, quels sont tes projets ? Ceux sur lesquels tu serais occupée à travailler, mais aussi sur le plus long terme, ce vers quoi tu veux te diriger ?

Actuellement je travaille sur un projet de bande dessinée aux crayons de couleur, à envoyer je l’espère sous forme d’un dossier d’édition, dans un futur proche. J’ai également démarré l’apprentissage d’une « formation hygiène », dans le but d’apprendre le tatouage, autre discipline graphique.

Merci Giulia !

 

Vous pouvez voir le travail de Giulia Gemmel en consultant ces liens :

www.instagram.com/giuliatus_rex
Site: www.giuliartwork.be

 

 

 

 

 

 

 

 


BRIG et KOVAL : Megaforce Crisis 

Interview Gérald Hanotiaux

Discussion croisée, aujourd’hui, avec Brig et Koval, qui revisitent des thèmes classiques de la fiction japonaises dans Megaforce crisis, une histoire composée de six pages muettes, pour une scène d’action maîtrisée de bout en bout.

 

Gérald Hanotiaux. Vous avez œuvré ensemble sur l’histoire Megaforce crisis, publiée dans notre numéro 27, pourriez-vous chacun vous présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Brigs

Julien Brigotte (Brig). Je m’appelle Julien Brigotte et je suis né en 1990 dans la ville de Charleroi. Le dessin est pour moi une passion de toujours, au point de décider d’en faire un métier malgré tout, tout en étant plongé dans des études éloignées du dessin, qui m’ont cependant fournis deux diplômes, en Droit et en Comptabilité. Pendant cette période, j’ai fréquenté les cours du soir de l’académie des beaux-arts de Châtelet, cela m’a véritablement permis de devenir celui que je suis aujourd’hui. 

Koval

Alexandre Houbart (Koval). Moi, je suis Alexandre Houbart, de Charleroi. J’ai également passé de nombreuses années aux cours de bande dessinée de Philippe Cenci, à l’Académie de Châtelet. C’est là que j’ai rencontré Julien (Brig) et quelques autres. Aujourd’hui je suis animateur 2D, mais aussi un peu dessinateur et scénariste de bande dessinée. 

 

Vous avez choisi de ne pas signer l’histoire de vos patronymes réels, pourquoi le choix d’utiliser des pseudonymes ?

JB : Signer avec un pseudo, ça se fait beaucoup dans le domaine de la bande dessinée, j’ai dès lors assez vite décidé de m’en trouver un… Pour être tout à fait précis, ce sont mes amis de l’académie qui l’ont trouvé pour moi. Étant donné qu’il y avait plusieurs Julien dans les cours, on a vite commencé à m’appeler « Brig », c’est devenu assez spontanément mon nom de dessinateur.

AH : Koval était un pseudo utilisé à une époque, pour signer des travaux « alimentaires », mais je m’en sers encore de temps en temps…

© Brigs & Koval : Megaforce Crisis

Vous présentez six très belles pages intitulées Megaforce Crisis. Elles sont très japonaises, dès le premier coup d’œil, sans pourtant forcément être dans un style manga classique. Pour attirer nos lecteurs, pour les poussez à les découvrir, comment présenteriez-vous ce travail ?

JB : Afin de coller au thème du « Japon », avec ces planches nous avons surtout voulu reprendre un bon nombre d’éléments classiques de la culture populaire de ce pays, tels que les mechas(personnages utilisant ou incarnant des armures robotisées, généralement de forme humanoïde) ou les kaijus (créatures étranges, principalement des monstres géants). Nous voulions également développer un contexte d’action/combats, tout en n’oubliant pas d’ajouter les onomatopées écrites en kanji, pour coller au thème. Nous voulions vraiment proposer quelque chose de divertissant, qui parlerait à tout le monde, ou du moins au plus de gens possibles…

AH : Nous voulions en effet réaliser quelque chose de fun, décomplexé, avec beaucoup d’action. Nous nous sommes donc assez naturellement dirigés vers le récit de kaijū eiga et de mecha géant, ça semblait parfait pour ça. Nous avons décidé d’allier le style de découpage très dynamique et précis des mangas, avec un dessin plein d’énergie punk, pour voir ce que ça donne. Finalement, face au résultat, ça semble composer un ensemble intéressant.

 

Cette histoire s’avère également très drôle, êtes-vous des habitués de l’humour?

JB : Personnellement, j’essaye toujours de glisser un minimum d’humour dans mon travail, quel que soit le thème. Ici, étant donné que le storyboard et une partie du scénario viennent de mon ami Koval, l’humour s’est glissé dans l’histoire un peu sans avoir à y penser…

AH : D’habitude je fais plutôt dans le semi-réaliste franco-belge, mais il m’est souvent arrivé de pratiquer l’humoristique, en effet.

 

Au niveau de la réalisation de ces pages, pourriez-vous décrire votre manière de procéder ? Quels outils vous-avez utilisé ? Et puis, Julien, tu évoques le « storyboard de Koval », comment vous êtes-vous répartis le travail, comment travaillez-vous ensemble ?

AH : Nous avons d’abord réfléchi, ensemble, au genre à aborder, et comment le faire. Ensuite, nous avons cherché ensemble un gag à mettre en place, pour avoir une bonne chute. Ensuite je me suis chargé de faire un storyboard bien propre et bien précis. Pour terminer, Julien a mis tout ça en image.

JB : Ma façon de travailler est un mélange de traditionnel et de digital. Je dessine d’abord les dessins sur papier, un par un, avec crayons et feutres. Ensuite je scanne le tout, et j’assemble les différents dessins par ordinateur, pour en faire une planche, une phase durant laquelle il m’arrive de rectifier quelques détails au passage… Petit détail pratique, parfois je suis très (trop) ambitieux, et un dessin qui aurait dû être une simple case sur une planche qui en compte six ou sept, est dessiné sur une feuille A4 complète et est suffisamment détaillé pour servir de couverture à un album. Je pense par exemple à la deuxième case de la quatrième page de cette histoire-ci…

 

T’arrive-t-il de développer d’autres styles et outils ?

JB : Mon style reste toujours le même mais peut varier un peu selon le thème général du projet, plus léger pour un travail comique et plus chargé en masses de noirs et en détails pour un thème plus sinistre. La méthode, quant à elle, reste la même.

 

Comment décririez-vous l’intérêt de travailler à deux, comme vous l’avez fait avec cette histoire ? Pensez-vous continuer de cette manière ?

JB : Étant donné que je suis surtout dessinateur, pas particulièrement à l’aise avec l’art du storyboarding, faire équipe avec Koval m’a retiré une épine du pied. Je pouvais passer à l’étape dessin directement, sans souffrir sur autre chose au préalable… Pour le futur, Koval a ses propres projets de bandes dessinées à réaliser, donc nous n’avons pas d’autres projets communs dans les tiroirs pour le moment.

AH : Personnellement, ça a été l’occasion d’explorer un univers et un style différent du mien. Faire ça avec Julien a été une respiration. 

Vous êtes tous les deux passés par un enseignement artistique, en fréquentant les cours de Philippe Cenci, que nous avions d’ailleurs interviewé dans un précédent numéro. (1) Comment décririez-vous l’apport de ce passage en académie ? Certains considèrent l’enseignement artistique comme nécessaire, d’autres moins, qu’en dites-vous en regard de votre parcours ?

AH : Mon impression est qu’un enseignement artistique n’est pas forcément « nécessaire », dans la mesure où toutes les ressources purement techniques sont disponibles facilement, que ce soit dans des ouvrages ou sur internet. Mais là où l’enseignement est terriblement précieux, c’est pour s’ouvrir de nouveaux horizons artistiques, rencontrer des gens avec une passion semblable, se raccrocher a des gens comme Philippe, des professionnels expérimentés, et découvrir des chemins que l’on n’aurait même pas soupçonnés. Ma vie serait totalement différente si je n’étais pas passé par là.

JB : Passer par la case enseignement est vraiment un plus, on y reçoit des conseils et techniques qui aident beaucoup pour des parties moins évidentes du dessin, telles que la perspective, le placement du point de vue dans une case, la logique à respecter au niveau de la transition d’une case à l’autre… Sans compter tout ce qui concerne l’anatomie. C’est vraiment utile d’avoir un professionnel qui passe en revue votre travail, et vous signale que tel bras est trop court, par exemple, en expliquant comment y remédier.

 

Le marché de l’édition actuel semble à beaucoup un peu, disons, chargé… Est-il facile de s’y faire une place ?

JB : Il est saturé par trop de livres et séries similaires. En tant que lecteur de bande dessinée, je garde toujours un œil sur les sorties, et malgré beaucoup de nouveautés, il est rare que l’envie me prenne d’en acheter, ces derniers temps… La faute sans doute à des histoires trop « formatées », qui cherchent juste à coller à l’actualité, en décrivant les problèmes récurrents de notre société. J’ai parfois l’impression que c’est ce que veulent les maisons d’édition, en rejetant les projets plus imaginatifs et divertissants. À mes yeux, il a été oublié que de nombreuses personnes lisent des bandes dessinées pour rêver, s’évader… Bon, c’est juste mon avis. En ce qui me concerne, je nourris toujours l’espoir d’un jour avoir l’occasion de travailler sur un album – ou plusieurs, qui sait -,  bien que mon style et mes sujets favoris soient moins « sages » que ce qu’on voit souvent dans la bande dessinée européenne de notre époque.

 

Pourquoi avoir répondu à l’appel de 64_page, pour ce numéro 27 ?

JB : Depuis déjà plusieurs années, je vois passer les publications de 64_page, une belle opportunité de montrer son travail et de toucher un plus large éventail de gens, voire pourquoi pas des éditeurs… Alors quand j’ai constaté que le thème était « le Japon », j’ai discuté avec Koval et, très vite, nous avons commencé à préparer un scénario tellement le sujet nous motivait. De plus, ça faisait un moment que je ne travaillais que sur des illustrations et, bien que j’adore ça, j’avais bien envie de dessiner quelques planches. 

AH : Ça faisait longtemps que Julien et moi avions envie de faire quelque chose ensemble. C’était une bonne opportunité de transformer cette envie en un travail concret.

 

Pourriez-vous nous parler de vos influences, ou en tout cas des auteurs et autrices qui ont marqué vos parcours de lecteurs ?

JB : Il y en a beaucoup, tant en Europe qu’au Japon. Franquin, Conrad, avec principalement la série des Innommables, tout l’univers de Troy (Lanfeust), la Quête de l’oiseau du temps (de Loisel et Letendre), Michetz (tant avec Kogaratsu qu’avec ses travaux d’illustrations), Yusuke Murata (One-punch man), Tite Kubo (Bleach), Ōgure Ito (Oh great), Rei Hiroe (Black lagoon). Et puis aussi beaucoup, mais vraiment BEAUCOUP d’artistes présents uniquement dans des recoins d’internet.

AH : Hugo Pratt reste pour moi incomparable. Jordi Bernet est trop cool. François Boucq est génial. Matthieu Bonhomme est formidable. Alan Moore est un dieu. Mais depuis une dizaine d’années, le duo qui m’intéresse le plus, c’est Fabien Nury et Brüno.

 

Quels sont, pour chacun, vos projets en bande dessinée, dans l’immédiat, mais aussi à plus long terme, ce vers quoi vous vous dirigez…?

JB : En ce moment même, je dessine mon premier album, signé chez un éditeur. On verra comment ça va se passer, la route est encore longue….

AH : J’espère bien un jour avoir l’opportunité de travailler sur un projet personnel pour un éditeur, ou même un projet « extérieur », que l’on me proposerait, si toutefois le sujet me parle. Tout en rappelant, bien entendu, que ce que je dessine, de manière générale, n’est ni propre, ni sage…

Merci Brig et Koval !

Vous pouvez voir le travail de Julien consultant ces liens :
www.instagram.com/brig.illu

www.facebook.com/julien.brigotte


(1) Lire la rubrique « Les ateliers des maîtres », dans notre numéro 24, aux pages 78 à 83. Disponible sur notre site.

www.64page.com

 

 


AMÉ : Samouraï à la belge

Interview Angela Verdejo

AMÉ

64_page : Aujourd’hui, 64_page rencontre l’auteure de Samouraï à la belge qui paraîtra pour les dix ans de notre revue, au mois de septembre. Mais qui est l’auteure de cette belle BD ? Bonjour.

Amé : Bonjour.
Je me présente, je suis Amélie Lepage alias Amé. « Je suis Amé », c’est aussi le nom de ma page Facebook, qui a vu le jour juste après les attentats perpétrés contre le journal Charlie Hebdo. C’est de cette façon que je souhaitais montrer mon soutien à la liberté d’expression.  Depuis, pour m’amuser, j’y publie un tas de dessins et d’illustrations. Je suis passionnée de dessin, de BD, d’art plastique et d’architecture depuis de nombreuses années maintenant.  Architecte d’intérieur diplômée de l’institut Saint-Luc de Bruxelles, je suis à la tête d’une entreprise familiale spécialisée en mobiliers pour horeca (NDLR : secteur d’activités de l’Hôtellerie, de la Restauration et des Cafés) depuis 28 ans.

64_page : Bonjour, Amé, nous sommes ravis de faire plus ample connaissance avec toi, et toi, dis-nous comment en es-tu venue à répondre à l’appel de 64_page ?

Amé : J’ai récemment réalisé un petit rêve en m’inscrivant à l’académie de Châtelet dans l’atelier BD-Illustration animé par Philippe Censi. C’est grâce à lui et à votre revue qu’il m’a fait découvrir, que j’ai pu réaliser mes premières planches dont celle-ci.

AMÉ : Samouraï à la belge

64_page : La thématique du numéro 27 étant le Japon, comment en es-tu venue à ce scénario ?

Amé : Cette micro-BD fut inspirée par la visite d’une galerie d’antiquités japonaises située dans le quartier du Sablon à Bruxelles.  Cette galerie, véritable petit musée d’art japonais, présentait des robots électroniques japonais des années 60-70 et d’autres objets bien plus ancestraux dont notamment une armure de samouraï. J’ai imaginé que les robots et l’armure de samouraï en vitrine, échangeaient des propos…Ensuite, en passant devant la friterie de la Chapelle dans les Marolles, j’ai imaginé toute cette histoire…une histoire de Samouraï à la sauce Belge bien connue !

64_page : Une véritable affaire d’imagination et surtout de rencontre de deux mondes !

Amé : Ce récit reflète bien mon monde : des dessins réalistes et de l’humour décalé voire parfois surprenant !

64_page : Comment as-tu procédé ?

Amé : Pour réaliser cette bd, après avoir créé un storyboard rapide, j’ai dessiné chaque case à l’aide de porte-mines 0.5 et 0.7 HB sur un papier Steinbach. Le crayon et les porte-mines sont mes outils de prédilection. A l’aide de ma tablette et de clipstudio paint, j’ai ensuite ajouté les phylactères et les textes sur les dessins numérisés. Paraître dans la revue 64 page est déjà une petite récompense pour le travail que j’ai fourni durant l’année académique 2023-2024.

64_page : Est-ce dire que l’on pourra compter sur toi dans nos prochains numéros ?

Amé : Je continuerai à participer à vos projets thématiques de votre passionnante revue. A bientôt peut-être dans vos prochaines éditions.

64_page : Un tout grand merci pour ta participation et bravo pour cette belle BD où deux cultures différentes s’unissent pour, grâce à tes dessins, nous téléporter au Japon tout en demeurant à Bruxelles ! J’espère que nous nous verrons déjà lors du verre des dix ans au BD Comic Strip Festival de Bruxelles pour fêter ensemble nos dix ans et la publication de Samouraï à la belge ! Et, évidemment, dans nos prochains numéros ! A très bientôt, Amé !

Pour suivre AMÉ : https://www.facebook.com/profile.php?id=100039213973836

 


 

 

ELMER : Les ailes du destin

Interview Gérald Hanotiaux

Rencontre aujourd’hui avec Elmer, qui présente dans notre numéro 27 Les ailes du destin, une histoire humoristique en quatre pages, en noir et blanc, dont le héros est Chuck le Pigeon. Un noir et blanc toutefois accompagné de judicieuses touches de rouge, au début et à la fin des aventures de Chuck.

 

Gérald Hanotiaux. Pourrais-tu te présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Elmer

Elmer. Avec plaisir… J’adore les histoires, depuis mon enfance je m’en invente. Des histoires en plasticine, en origami, en béton, en photo, en musique… Pas étonnant, dès lors, mon amour des langues : plus de langues, plus d’histoires, logique ! Le dessin est pour moi une manière parmi d’autres de raconter des choses inexprimables parfois par les mots, d’aller chercher des histoires entre les lignes.

 

Tu nous présente une histoire très drôle intitulée Les ailes du destin, peux-tu la présenter en quelques mots ?

Yep ! Pour la première fois, j’arrive à réaliser une bande dessinée de quelques pages en format A4. Imaginez la fierté ! D’habitude je suis plutôt adepte des illustrations de type vignettes de presse, plus libres au niveau du style, des couleurs et du séquençage. Les ailes du destin parle de deux de mes nombreuses passions : le vol des pigeons et les petits vieux. J’adore regarder les pigeons, de tous les oiseaux, ils développent selon moi le vol le plus beau et le plus élégant. Et les petits vieux ? Hé bien tout comme eux, j’adore me poser sur un banc et regarder les gens passer. Du coup, je n’angoisse pas à l’idée de vieillir, je suis prêt !

 

Au niveau de la réalisation de ces pages, peux-tu décrire ta manière de procéder ? Quels outils as-tu utilisé ?

Une fois n’est pas coutume, je me suis astreint à réaliser un brouillon détaillé, avant de commencer à dessiner. Tant que la répartition des cases et leur contenu n’étaient pas définis, interdiction de dessiner, c’était duuuur ! Mais par la suite j’ai pris beaucoup de plaisir à dessiner, avec un fil conducteur clair. Pour les outils à proprement parler : crayon, gomme, techniques d’estompage, et un petit peu d’ordi pour la mise en page. Je voulais un processus simple, pour me concentrer sur la narration.

© Elmer : Les ailes du destin

T’arrive-t-il de développer d’autres styles et outils ? Par ailleurs, es-tu toujours aussi drôle ?

Comme je le signalais, j’aime les illustrations de type dessin de presse. Cela me permet d’explorer très librement d’autres techniques : pastels, acrylique, encre… Et c’est surtout l’occasion de jouer sur l’équilibre dessin/écriture. En ce qui concerne l’humour, c’est ma manière à moi de faire sens, de rendre léger ce qui peut sembler pesant à première vue. De faire voler les pierres, quoi !

 

Es-tu totalement autodidacte, ou bien tu as suivi une formation dans un enseignement artistique ?

J’ai longtemps été autodidacte, avant de franchir le seuil d’une académie. D’un côté, j’adore la spontanéité et la liberté de l’autodidacte, mais d’un autre côté il y a le revers de la médaille : on peut parfois être bloqué dans son expression par manque de technique. Et puis, honnêtement, ça fait du bien de sortir de sa tanière et de voir des gens !

 

De manière générale, que penses-tu du fait de passer par une formation ?

C’est très motivant. Ça affine la perception du trait et enrichit la manière de raconter des histoires. Mais le plus important pour moi est que cela permet de mieux apprécier le travail d’autrui, mieux comprendre pourquoi certains dessinateurs me parlent, plus que d’autres. À présent, quand j’aime une bande dessinée, je la sirote. C’est si bon de ne pas être pressé d’arriver à la dernière page.

 

Comment vois-tu l’état du marché de l’édition en bande dessinée, et les possibilités de s’y insérer ?

Je suis impressionné par la quantité croissante de bandes dessinées publiées. Ça donne le tournis. Ce qui me pose question n’est pas tant la possibilité de s’insérer dans le marché de l’édition que la visibilité possible dans cet océan de publications.

 

Avec 64_page, nous essayons de pallier la disparition de la plupart des revues de prépublication, où les jeunes auteurs pouvaient faire leurs armes… Que penses-tu de la situation à ce sujet ?

Aujourd’hui, il y a le numérique, c’est génial car cela donne accès à des « espaces d’exposition » inédits pour tous les dessinateurs. Toutefois, cela reste extrêmement émouvant, pour un jeune auteur, de voir son travail imprimé sur du papier, de manière professionnelle… Je trouve intéressante l’idée de proposer dans une revue, comme vous le faites, une communauté d’auteurs aux personnes curieuses de découvrir de nouveaux talents. C’est une belle manière d’offrir une visibilité structurée aux nouvelles voix de la bande dessinée. Alors résistez camarades ! Haut les cœurs !

 

Pourrais-tu livrer à nos lectrices et lecteurs tes influences en bande dessinée ? Ou en tout cas les auteurs et autrices qui ont marqué ton parcours de lecteur ?

De manière générale, j’ai été biberonné à la revue Fluide Glacial, depuis les années ‘90. Cela n’a pas été sans « dégâts collatéraux », pour le type d’humour que je pratique… Ceci dit, j’aimerais évoquer trois auteurs sans lesquels je ne dessinerais pas aujourd’hui. Je commencerai par citer André Franquin, en particulier pour Gaston, un des rares auteurs à réussir l’évocation des cinq sens en bande dessinée. Ensuite Christian Binet, pour son humour tendre et caustique et son trait évocateur. Et enfin Jean-Marc Reiser, pour ses lignes efficaces et vibrantes.

 

Quels sont tes projets, actuellement sur lesquels tu serais occupé à travailler, ou encore sur un plus long terme… Vers quoi comptes-tu te diriger ?

Dans l’immédiat, et pour le fun, je travaille sur des illustrations. Une phrase, un dessin, et hop : emballez, c’est pesé ! À plus long terme, je travaille sur l’histoire d’un clown et d’une jument qui ne trouvent pas leur place dans la société. Ils décident alors de cheminer ensemble vers leurs horizons rêvés…

 

Un mot de la fin ? Une chose importante que nous n’aurions pas abordé dans notre échange… ?

Je voudrais simplement remercier tous les auteurs passés, présents et à venir, traitant avec talent des choses qui me turlupinent… Ils m’allègent et me ravissent. Pour finir : si vous ne trouvez pas l’histoire que vous voudriez lire, dessinez-la !

 

Merci Elmer !

 

Vous pouvez voir le travail d'Elmer sur : www.instagram.com/elmerfurioso

 

 

 


Wanwine : Le neko du thé

Interview Angela Verdejo 

64_page : Aujourd’hui, 64_page rencontre l’auteure de Le neko du thé qui paraîtra pour les dix ans de notre revue, au mois de septembre. Mais qui donc est l’auteure de cette belle BD ?

Wanwine

Wanwine : Je m’appelle Sandrine et je suis graphiste et illustratrice. Sur les réseaux sociaux, vous pouvez me retrouver sous le pseudo Wanwine illustration. Mon parcours commence vers mes 10 ans où j’ai commencé des cours de bande dessinée et illustration avec Manuel Tenret. Plus âgée, j’ai suivi ses cours du soir en promotion sociale. En 2019, je suis entrée à la Haute Ecole Albert Jacquard dans l’option animation et illustration 2D sous la bienveillance de Madame Coopman. J’ai, ensuite, commencé les cours à l’Académie des Beaux-Arts de Châtelet en 2024 pour continuer à me former avec Monsieur Philippe Cenci. Je suis graphiste en freelance et illustratrice la plupart du temps.

64_page : Et c’est la thématique du Japon qui t’a poussé à nous envoyer ta BD ?

Wanwine : Le Japon, et surtout les mangas, ont et sont une grande inspiration pour mon travail. J’ai commencé à dessiner en reproduisant les dessins de Mermaid Melody Pichi Pichi Pitch, Kilari ou encore Sakura chasseuse de cartes. En grandissant, je n’ai pas perdu mon intérêt pour les mangas, je me suis, cependant, concentrée sur le pays les produisant. J’ai, dès lors, développé un grand intérêt pour cette riche culture et ses codes. C’est en essayant de les comprendre que j’ai acquis un autre degré de compréhension dans ma lecture de leurs livres ou même de leurs mangas ainsi que dans le visionnage de leurs animés. Petit à petit, je me suis éloignée du style graphique puis, prise dans ma vie professionnelle et mes études, je l’ai perdu de vue. L’appel de 64_page sur le thème « Soleil rouge » a fait remonter tous ces souvenirs et m’a poussée à participer par nostalgie.

© Wanwine : Le neko du thé

 

64_page : Et tu connaissais déjà notre revue ?

Wanwine : Je connais 64_page depuis mon inscription à l’académie des Beaux-Arts. Philippe Cenci m’a proposé de tenter ma chance sur le numéro « Oiseaux ». J’avoue que j’avais un peu perdu foi en ma capacité à produire des planches de BD. Ce fut une belle expérience et j’ai voulu retenter ma chance. Je trouve que c’est une chouette revue qui donne de la visibilité aux auteurs qui n’ont pas encore été publiés. Si je l’avais connue à ma sortie d’école, j’aurais participé directement. Avoir une date de sortie permet de vouloir réaliser un projet concret qui peut nourrir nos portfolios. C’est aussi l’occasion de montrer son travail et l’exposer aux critiques constructives pour progresser. C’est une belle vitrine à montrer à de futurs clients.

 

64_page : 64_page veut offrir cet espace de publication que tu évoques si bien aux jeunes auteur.e.s en herbe et, dans ce sens, tes paroles nous honorent tout particulièrement, merci ! Nous essayons également de choisir des sujets qui conviennent à chacun.e mais qui, en même temps, laissent libre champ au choix du scénario, comment en es-tu venue au tien ?  

Wanwine :  La thématique me vient d’un souvenir. J’avais été avec ma grand-mère au musée Royal de Mariemont qui organisait une cérémonie du thé ainsi qu’une exposition sur la céramique du Japon. Ma grand-mère avait un chat dynamique et farceur, Pirouette. Il était très joueur. Mon scénario vient d’un lien entre ces deux souvenirs. Pour ce qui est de l’idée du yōkai, ça me vient de mon intérêt pour le Japon quand j’étais adolescente. J’avais découvert ces esprits à travers le film  » Le voyage de Chihiro » et les autres œuvres du studio Ghibli. Plus tard, j’ai assisté à la pièce « Yōkai! » au palais des Beaux-Arts de Charleroi. Mon scénario parle d’une japonaise qui commence la cérémonie du thé avec comme partenaire son chat. Il reprend l’idée de la tradition que j’avais découverte avec ma grand-mère et les farces de Pirouette qui peuvent, au Japon, être attribuées aux yōkai.

 

64_page : Des yōkai?

Wanwine :  Les yōkai sont des créatures surnaturelles ou esprits du folklore japonais. Ce qui est bien avec ces créatures/ esprits, c’est que chacun d’entre eux a sa propre histoire. On pourrait parler des heures de ces légendes tantôt tristes, tantôt effrayantes ou bien encore parfois drôles. Je vais laisser le soin aux lecteurs de creuser ce folklore car ils pourront découvrir de belles histoires s’ils sont curieux.

 

64_page : Et les Bakeneko ?

Wanwine : En ce qui concerne le Bakeneko, c’est un yōkai qui a l’apparence d’un chat avec une longue queue. Elle lui sert à garder l’équilibre lorsqu’il marche sur deux pattes. Un chat transformé en Bakeneko peut tuer son maître dans certains cas pour contrôler la maisonnée. Pour devenir ce yōkai, le chat doit avoir une longue queue et au moins 13 ans à sa « mort » ou bien le devenir en étant mort par mauvais traitement quel que soit son âge. Je l’évoque dans mes planches car notre protagoniste ayant fait une bêtise (qui n’est sûrement pas la dernière), pourrait bien en devenir un par son caractère « farceur » sur le long terme. Il est encore jeune donc je laisse le soin aux lecteurs d’imaginer le reste de sa vie.

 

64_page : Et pour la ou les techniques utilisées, comment as-tu procédé ?

Wanwine : Pour la technique, j’ai réalisé mon découpage dans mon carnet de croquis puis j’ai tout finalisé en digital à l’aide d’une tablette graphique. Pour les couleurs, j’ai choisi un camaïeu de rose pour rappeler les cerisiers au Japon. Je l’ai également choisi car c’est une couleur associée à l’enfance, notre petit chat étant encore jeune et jouette, j’ai trouvé que cette couleur lui allait bien. Une autre raison pour laquelle j’ai choisi cette couleur, c’est parce qu’elle peut être associée à la joie et au bonheur, la maîtresse apprécie beaucoup son chat (même s’il fait parfois des bêtises) et lui prépare le thé avec joie, légèreté et sérieux.

64_page : Beaucoup de symboliques dans cette œuvre qui se mêlent aux souvenirs ! Merci Wanwine.

Wanwine : A très bientôt et merci pour votre intérêt.

 

64_page : Un tout grand merci et bravo pour cette belle BD ! Pour quelqu’un (comme moi) qui adore le thé, c’est le début de beaucoup d’interrogations… sur ces divinités qui nous entourent… peut-être ! A très bientôt Wanwine ! Dans nos prochains numéros et j’espère que nous nous verrons également lors du verre de nos dix ans au BD Comic Strip Festival de Bruxelles pour fêter ensemble cet anniversaire et la publication de Le neko du thé !

 

Pour suivre Wanwine : Instagram wanwine.illustration

 


 

 

 

 

 

 

 

 

64_page FÊTE SES DIX ANS

aux BD Comics Strip Festival de Bruxelles les 6, 7 et 8 septembre par une EXPOSITION d’une cinquantaine de nos auteur.es et de planches, illustrations, dessins…. #dixans

Ces planches, illustrations, dessins seront en vente au profit de 64_page, revue de récits graphiques.
64_page est réalisé par un collectif de bénévoles qui offre depuis 10 ans, de la passion, du temps et aussi de l’argent pour éditer la revue, qui permet à de jeunes auteur.es de faire leurs armes !

VOUS POUVEZ DÉJÀ VOUS OFFRIR LES ILLUSTRATIONS ET PLANCHES MISES EN VENTE !

Vous pouvez déjà faire des offres d’achats au prix demandés (ou faire offre pour les illustrations qui n’ont pas de prix). 
Pour les achats, il vous suffit de verser la somme exacte sur notre compte et de nous confirmer votre achat par mail à 64page.revuebd@gmail.com  avec vos coordonnées complètes :
BE51 0689 4736 3762    BIC : GKCCBEBB.
Pour les offres, envoyez votre offre à 4page.revuebd@gmail.com  avec vos coordonnées complètes.
L’œuvre sera à votre disposition le dimanche 8 septembre à partir de 16h au BD Comic Strips Festival de Bruxelles à la Gare Maritime de Tour et Taxis. Ou vous sera envoyé après le 9 septembre.
Merci !
Vous pouvez aussi nous  aider 64_page en achetant – 12,50 € – notre prochaine revue, en vous abonnant – 25 € – ou en versant un don sur le compte :
BE51 0689 4736 3762
BIC : GKCCBEBB.
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Elles et ils s’exposeront au Festival de Bruxelles :

Johanna GOUSSET – Oiseaux – 100€

 

Alise WION – Tard la nuit – Faire offre

 

 

Lucas BOUVARD – Bobby – 90€

Yana KNIGHT – Bunny Bones Histoire d’Ordures – 65€

Julie MANDARINE : L’Envol du Goéland – Faire offre

Guillaume BALANCE : Bobby – 90€

Enrique CROPPER : Horta  – 50€

Xan HAROTIN : Arbre – 50€

 

Élodie ADELLE : Lunaire – 50€

 

Valentine LANGER : À L’Ombre des Arbres – 75€

MILENA : Un Goûter avec la Sorcière Goupile – 50€

VIBULIX : Pâcome et Titou – 35€

 

Mathilde BROSSET : Piquer un Phare – 10€

 

Mathilde BROSSET : Carrelet 1 – 25€ & Carrelet 2 – 25€

THÉ AU VINAIGRE : Le Cornu qui Aimait les Fleurs – 70€

 

REMEDIUM : Isidore et Simone – Faire offre 

TREFILIS : Fenêtre – 75€

Wouter VAN GHYSEGHEM : Seoi-Nage – 30e

Mascha VANDER KELEN : Le Grand Vol – 60€

ROMAN RG : Tintin et Compagnie au Pays du Soleil Levant – 150€

 

Mathilde GONZALEZ & Johan FERRAND-VERDEJO : La Guerre des Oubliés – 50€

Maximilien VAN DE WIELE : Le Train du Diable – Faire offre

 

Sandrine CRABEELS : Bruxelles 1920 – 95€


Émilie REINEKE – La Brigade des P.I.A.F. – 90€ (110€ avec cadre)

 

Émilie REINEKE & François JADRAQUE : Sombre Becquée – 90€ (110€ avec cadre)

François JADRAQUE : Dans de Sales Draps – 40€

 

Marc DESCORNET : Zina Crane Wing – 50€

Mario LANCINI : Flowing Thought – 60€

Benedetta FREZZOTTI : I Construttori di Futuri – 30€

Celia DUCAJU : Nuit Solitaire – 65€

Alice ROUSSEL : Passiflore en Palissade – 100€

Lison FERNÉ : Démon – 15€

Elisa GATTO : La Renarde – 80€

Patrice RÉGLAT-VIZZAVONA : Le Piège – 450€

Patrice RÉGLAT-VIZZAVONA : esquisse couverture 64_page #22 Polar – Faire offre

Aurélie WILMET : Épinette Noire – 40€

Marie Pascale PEETERS : Les Mouettes et Le Marin – 100€

 

PAVÉ : Urgence de Paix – 70€

DELCASY : Bête comme une Oie ! – 65€

Alexandre KONSTANTATOS : Avancer hors du temps – 100€

 

Alexandre KONSTANTATOS : Avancer hors du temps – 100€

 

 

Christtophe PLAYFOOT : Inspirations – 50€

 

 

Gilles PROUST : Hatami in Bruxelles – 70€

 

 

Jason McLARNIN : Kiwi, le Mur de Berlin – Faire offre

LIMCELA : Nageure – Faire offre

 

Inès SANCHEZ ROYANT – Affiche 10 ans (tirage signé numéroté) -40€

Inès SANCHEZ ROYANT : Le rituel – (tirage signé numéroté) -40€

 

Inès SANCHEZ ROYANT : Quiproquo – (tirage signé numéroté) -40€

 

© Michel DI NUNZIO : KiriKik parade – 150€

 

Inès SANCHEZ ROYANT et Michel DI NUNZIO : L’Homme de la Plancha – 200€

 


Une planche, une histoire, pour dynamiser les idées

Sans limite de style, de technique, de sujet …

Une idée forte exprimée en une planche. Le B.A.ba de la BD, puisqu’il s’agit de retrouver la planche publiée dans le supplément hebdomadaire des quotidiens et/ou les récit en une planche des meilleures auteurs des magazines.

L’efficacité – du récit et du trait – est essentielle !

64_page constitue une réserve de vos meilleures planches et nous les publieront petit à petit dans les revues avec l’objectif de réaliser un jour un 64_page sur ce thème.

Tes projets sont très attendus ! 

 

 

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