WANWINE : Le neko du thé

Interview Angela Verdejo

 

64_page : Aujourd’hui, 64_page rencontre l’auteure de Le neko du thé qui paraîtra pour les dix ans de notre revue, au mois de septembre. Mais qui donc est l’auteure de cette belle BD ?

Wanwine

Wanwine : Je m’appelle Sandrine et je suis graphiste et illustratrice. Sur les réseaux sociaux, vous pouvez me retrouver sous le pseudo Wanwine illustration. Mon parcours commence vers mes 10 ans où j’ai commencé des cours de bande dessinée et illustration avec Manuel Tenret. Plus âgée, j’ai suivi ses cours du soir en promotion sociale. En 2019, je suis entrée à la Haute Ecole Albert Jacquard dans l’option animation et illustration 2D sous la bienveillance de Madame Coopman. J’ai, ensuite, commencé les cours à l’Académie des Beaux-Arts de Châtelet en 2024 pour continuer à me former avec Monsieur Philippe Cenci. Je suis graphiste en freelance et illustratrice la plupart du temps.

64_page : Et c’est la thématique du Japon qui t’a poussé à nous envoyer ta BD ?

Wanwine : Le Japon, et surtout les mangas, ont et sont une grande inspiration pour mon travail. J’ai commencé à dessiner en reproduisant les dessins de Mermaid Melody Pichi Pichi Pitch, Kilari ou encore Sakura chasseuse de cartes. En grandissant, je n’ai pas perdu mon intérêt pour les mangas, je me suis, cependant, concentrée sur le pays les produisant. J’ai, dès lors, développé un grand intérêt pour cette riche culture et ses codes. C’est en essayant de les comprendre que j’ai acquis un autre degré de compréhension dans ma lecture de leurs livres ou même de leurs mangas ainsi que dans le visionnage de leurs animés. Petit à petit, je me suis éloignée du style graphique puis, prise dans ma vie professionnelle et mes études, je l’ai perdu de vue. L’appel de 64_page sur le thème « Soleil rouge » a fait remonter tous ces souvenirs et m’a poussée à participer par nostalgie.

© Wanwine : Le neko du thé

 

64_page : Et tu connaissais déjà notre revue ?

Wanwine : Je connais 64_page depuis mon inscription à l’académie des Beaux-Arts. Philippe Cenci m’a proposé de tenter ma chance sur le numéro « Oiseaux ». J’avoue que j’avais un peu perdu foi en ma capacité à produire des planches de BD. Ce fut une belle expérience et j’ai voulu retenter ma chance. Je trouve que c’est une chouette revue qui donne de la visibilité aux auteurs qui n’ont pas encore été publiés. Si je l’avais connue à ma sortie d’école, j’aurais participé directement. Avoir une date de sortie permet de vouloir réaliser un projet concret qui peut nourrir nos portfolios. C’est aussi l’occasion de montrer son travail et l’exposer aux critiques constructives pour progresser. C’est une belle vitrine à montrer à de futurs clients.

64_page : 64_page veut offrir cet espace de publication que tu évoques si bien aux jeunes auteur.e.s en herbe et, dans ce sens, tes paroles nous honorent tout particulièrement, merci ! Nous essayons également de choisir des sujets qui conviennent à chacun.e mais qui, en même temps, laissent libre champ au choix du scénario, comment en es-tu venue au tien ?  

Wanwine :  La thématique me vient d’un souvenir. J’avais été avec ma grand-mère au musée Royal de Mariemont qui organisait une cérémonie du thé ainsi qu’une exposition sur la céramique du Japon. Ma grand-mère avait un chat dynamique et farceur, Pirouette. Il était très joueur. Mon scénario vient d’un lien entre ces deux souvenirs. Pour ce qui est de l’idée du yōkai, ça me vient de mon intérêt pour le Japon quand j’étais adolescente. J’avais découvert ces esprits à travers le film  » Le voyage de Chihiro » et les autres œuvres du studio Ghibli. Plus tard, j’ai assisté à la pièce « Yōkai! » au palais des Beaux-Arts de Charleroi. Mon scénario parle d’une japonaise qui commence la cérémonie du thé avec comme partenaire son chat. Il reprend l’idée de la tradition que j’avais découverte avec ma grand-mère et les farces de Pirouette qui peuvent, au Japon, être attribuées aux yōkai.

64_page : Des yōkai?

Wanwine :  Les yōkai sont des créatures surnaturelles ou esprits du folklore japonais. Ce qui est bien avec ces créatures/ esprits, c’est que chacun d’entre eux a sa propre histoire. On pourrait parler des heures de ces légendes tantôt tristes, tantôt effrayantes ou bien encore parfois drôles. Je vais laisser le soin aux lecteurs de creuser ce folklore car ils pourront découvrir de belles histoires s’ils sont curieux.

64_page : Et les Bakeneko ?

Wanwine : En ce qui concerne le Bakeneko, c’est un yōkai qui a l’apparence d’un chat avec une longue queue. Elle lui sert à garder l’équilibre lorsqu’il marche sur deux pattes. Un chat transformé en Bakeneko peut tuer son maître dans certains cas pour contrôler la maisonnée. Pour devenir ce yōkai, le chat doit avoir une longue queue et au moins 13 ans à sa « mort » ou bien le devenir en étant mort par mauvais traitement quel que soit son âge. Je l’évoque dans mes planches car notre protagoniste ayant fait une bêtise (qui n’est sûrement pas la dernière), pourrait bien en devenir un par son caractère « farceur » sur le long terme. Il est encore jeune donc je laisse le soin aux lecteurs d’imaginer le reste de sa vie.

64_page : Et pour la ou les techniques utilisées, comment as-tu procédé ?

Wanwine : Pour la technique, j’ai réalisé mon découpage dans mon carnet de croquis puis j’ai tout finalisé en digital à l’aide d’une tablette graphique. Pour les couleurs, j’ai choisi un camaïeu de rose pour rappeler les cerisiers au Japon. Je l’ai également choisi car c’est une couleur associée à l’enfance, notre petit chat étant encore jeune et jouette, j’ai trouvé que cette couleur lui allait bien. Une autre raison pour laquelle j’ai choisi cette couleur, c’est parce qu’elle peut être associée à la joie et au bonheur, la maîtresse apprécie beaucoup son chat (même s’il fait parfois des bêtises) et lui prépare le thé avec joie, légèreté et sérieux.

64_page : Beaucoup de symboliques dans cette œuvre qui se mêlent aux souvenirs ! Merci Wanwine.

Wanwine : A très bientôt et merci pour votre intérêt.

64_page : Un tout grand merci et bravo pour cette belle BD ! Pour quelqu’un (comme moi) qui adore le thé, c’est le début de beaucoup d’interrogations… sur ces divinités qui nous entourent… peut-être ! A très bientôt Wanwine ! Dans nos prochains numéros et j’espère que nous nous verrons également lors du verre de nos dix ans au BD Comic Strip Festival de Bruxelles pour fêter ensemble cet anniversaire et la publication de Le neko du thé !

Retrouvez Wanwine sur Instagram : wanwine.illustration