Il aurait pu être avocat, mais une cohabitation sur banc d’école lui a ouvert le monde du dessin.
Sa découverte de la BD est le point de départ d’une belle aventure qui l’a déjà conduit de l’Académie de Watermael-Boitsfort à la KASK de Gand en passant par l’ESA Saint-Luc...
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1. Raconte ton parcours? Pourquoi et comment le dessin? L'art?
Sachimir : Le petit snotneus de onze ans que j’ai pu être s’est un jour retrouvé assis en classe de français à coté d’un autre petit snotneus qui se sentait plus concerné par son crayon, ses marqueurs et ses cahiers Atoma remplis de crobards, que par la conjugaison du verbe « être » au plus-que-parfait du subjonctif. Je dois bien reconnaître que si ces deux morveux eussent été capables de conjuguer ce verbe correctement, je serais sans doute aujourd’hui en train d’attaquer ma quatrième année d’études de droit, plutôt que de rêvasser derrière ma table à dessin jour et nuit, surtout la nuit. C’est donc grâce à ou à cause de cette rencontre que l’idée de créer des histoires en dessinant des bonshommes dans des petites cases ne s’est pas contentée d’effleurer mon esprit mais est devenue une réelle obsession.
Voyant que cette passion n’était pas passagère, mes parents ont décidé de m’inscrire à l’Académie de Watermael-Boitsfort où j’ai pu suivre les sages enseignements du grand gourou Philippe Cenci. C’est dans cet atelier que j’ai appris l’existence d’une option BD à l’ESA Saint-Luc à Bruxelles où, une fois mes études secondaires achevées, je suis parti en pèlerinage.
En prenant du recul aujourd’hui, je me rends compte que ce n’est pas une passion pour le dessin qui m’a poussé à faire de la BD mais plutôt l’inverse. La BD a été pour moi un point de départ qui a attisé ma curiosité et mon intérêt pour l’art sous toutes ses formes.
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Qu'est-ce que tu as retiré personnellement de ta publication dans 64_page et de l'exposition au Centre Belge de la BD? Aurais-tu eu d'autres espoirs? Que crois-tu qu'il faudrait mettre en place pour aider les jeunes auteurs?
Sachimir : Avoir été publié et exposé m’a fait du bien. A force d’entendre que le métier d’auteur de BD est un métier de « crevard », on finit parfois par être découragé. Cette publication, je l’ai vécue comme un coup de fouet me poussant ày croire d’avantage.
A mon avis, le plus dur pour nous, les jeunes auteurs, c’est d’arriver à montrer qu’on existe. Quand on fait des études artistiques, qu’on reste enfermé dans sa chambre, on est tout à fait déconnecté de la réalité éditoriale. C’est un métier très solitaire et ce n’est pas facile en tant que jeune de s’imposer dans cette réalité qui de notre petite table à dessin nous paraît si abstraite. Hormis certains festivals de livre ou de BD, l’on a rarement l’occasion de rencontrer des éditeurs ou d’autres auteurs. La création de revues telles que 64_Page privilégiant la publication de jeunes et nouveaux auteurs pourrait remédier à ce manque de contact.
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Comment imagines-tu ton avenir et que comptes-tu mettre en place pour atteindre tes objectifs?
Sachimir : Vivre de mes dessins est mon plus grand souhait. Que ce soit de la BD, de l’illustration, de l’animation, du dessin de presse ou de la publicité, tant que je passe mes journées derrière une planche à dessin, je suis heureux. Je reste ce doux-rêveur de onze ans qui ne pense qu’à sa passion, je laisse le cynisme et la névrose pour plus tard, quand il sera temps que je trouve un vrai boulot.
En ce moment je travaille sur un projet d’album dans l’espoir d’attirer l’attention d’une maison d’édition, tout en continuant des études d’animation à KASK à Gand.
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Qu'est-ce que tu lis comme bd et pourquoi?
Sachimir : Mes lectures varient énormément. J’aime explorer les abysses des librairies spécialisées, allant des BDs les plus anciennes au plus récentes, des plus populaires aux plus obscures, venant de continents et cultures divers. Il n’y a pas de limite à ce que ce médium peut offrir et j’éprouve plus de plaisir à découvrir les formes différentes qu’il peut prendre plutôt qu’à me cantonner à une zone de confort.
Si je devais parler de quelques récentes belles trouvailles je citerais: ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ de Fabcaro, Pouvoirpoint de Erwann Surcouf, Sunny de Taiyo Matsumoto, les albums sur le thème du blues de Frantz Duchazeau, Love in vain de Mezzo et J.M. Dupont, Hubert de Ben Gijsemans, Sam & Max de Steve Purcell, Ed the happy clown de Chester Brown etc.
Mis à part ça, il m’arrive encore souvent de consulter les oeuvres des grands maîtres tels que Franquin, Hergé, René Goscinny, Jean Giraud Moebius, Will Eisner, Osamu Tezuka… la liste est longue.
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